6 apprentis marins partent en Méditerranée pour faire ce qu’il se doit quand on est apprentis : un apprentissage, de voile en l’occurrence. Le groupe s’apprivoise, le lecteur s’accroche au regard du narrateur pour découvrir une petite troupe hétéroclite : la grande gueule (de droite), la jolie fille (de gauche), le mec transparent, le formateur, etc. Bon, vogue petit navire, tout ça est plutôt plaisant quand, patatras, le gros temps s’annonce et les emmerdements qui vont avec. Et alors ce sont les caractères qui s’aiguisent et se révèlent. Mais le clou : quand ils se décident à solliciter les secours, sur les ondes radio crépite également un appel affolé provenant d’un bateau en perdition plein jusqu’à la gueule de pauvres migrants. Qui sera secouru en premier ? Voilà une très bonne question… Et l’on sait que le narrateur a connu le même destin plusieurs années auparavant. La suite est terrible, bien entendu.
J. Guillaud-Bachet réussit un premier roman sur un sujet central aujourd’hui et on sent bien son intention de ne pas y aller par quatre bords de voilier. Mais, sans que son propos n’y perde trop d’ailleurs, on peut regretter le côté « blessure secrète » du narrateur (forcément) revenu de tout et bien au-dessus des petites contingences de ses accompagnateurs. Le style se veut moderne, comme un Houellebecq croisé avec une Despentes. Le tout manque peut-être d’un peu de finesse dans la peinture des (trop) nombreux personnages.
Ce n’est pas simple de s’attaquer à un tel sujet par la fiction sans tomber ni dans la leçon moralisatrice, ni dans le superflu. L’approche de J. Guillaud-Bachet a le mérite d’éviter ces deux écueils, mais en laissant trop à quai son équipage dont on se fout assez rapidement (la narrateur compris, ce qui est dommage).
Christophe
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