Années 80, Vytautas Vargalys est bibliothécaire à Vilnius. Il vit comme une bête traquée, persuadé qu’Ils l’épient, que toute la Lituanie est sous Leur contrôle. Mais qui sont-Ils ? Que veulent-Ils ? N’existent-Ils que dans le crâne de de Vargalys ? Seule sa jeune et tentatrice collègue, follement nommée Lolita, au corps sublime, semble le garder de la folie définitive, cette petite pousse qui a germé très tôt dans sa vie, grandi sans peine, arrosée par neuf ans de goulag. Mais on peut se demander si cette intrusion érotique voire pornographique dans l’angoisse de Vargalys représente un espoir ou une menace supplémentaire.
C’est LE grand roman de la sélection arrivée à la bibliothèque au printemps 2015. Chef-d’œuvre noir, vision pathologique et folle des dernières années d’occupation soviétique de la Lituanie où l’on lit, hagard, quatre narrateurs dans l’impossibilité de savoir, de comprendre ou de choisir entre la peur, le combat et la paranoïa dans leurs vies sur lesquelles planent les ombres flippantes de Staline et Kafka. C’est un livre qui se mérite, disons-le. On entre dans la mine de « Vilnius Poker » avec une pauvre lampe à acétylène, sa lumière faiblarde nous éclairant ce qu’elle peut (ou ce qu’elle veut), notre lecture avançant à tâtons, craignant à chaque page le coup de grisou. Mais pour qui osera traverser le boyau, c’est une expérience hors du commun à la clef.
Un livre méconnu, nouvellement traduit en France, important et glaçant. Ricardas Gavelis, mort en 2002, est, depuis la parution de « Vilnius Poker », considéré comme le plus grand écrivain lituanien.
Christophe
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