ET QUELQUEFOIS J’AI COMME UNE GRANDE IDÉE – Ken KESEY

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 ★★★★★ 

Monsieur Toussaint Louverture

Quand Ken Kesey a fini l’écriture de sa « Grande Idée », il sut qu’il ne pourrait pas faire mieux.

Oregon, années 60. Tous les bûcherons de Wakonda se mettent en grève. Tous ? Non. Une famille – les Stamper – décide de continuer à bosser malgré tout, stérilisant de fait le conflit en continuant d’honorer un contrat secret passé avec la puissante Wakonda Pacific.
Le clan Stamper règne depuis plusieurs générations sur ce coin de l’Ouest américain. A sa tête Henry le patriarche exubérant, en fin de course mais toujours présent au travail comme dans les décisions, et Hank, l’aîné, force de la nature, conjuguant le magnétisme d’une bête féroce et l’influence et le charisme d’un homme de pouvoir à la fois juste, impartial et sévère.
Arrive Lee, le fils cadet. De retour après plusieurs années sur la côte Est avec sa mère. Il revient étudiant, érudit, « chétif » mais bien décidé à se venger. Pourquoi ? Vous le découvrirez très vite.
Et au milieu des deux frères Hank et Lee : Viv, la femme de Hank. Sera-t-elle le jouet d’une lutte fratricide ? Pas sûr. Dans les univers hyper masculins, la finesse et l’intelligence féminines réservent toujours des surprises.

Ce livre est donc l’histoire de deux luttes : les Stamper contre le reste du monde et Lee contre Hank. Ces deux guerres sont faites de répulsions féroces, alcoolisées, brutales et d’attirances, de séductions incontrôlables qui rendent les relations tellement complexes.

Complexe ? Ce roman total l’est considérablement. Je n’ai pas dit « compliqué » mais bien « complexe ». Quelle grâce a donc touché Ken Kesey l’auteur du célèbre « Vol au dessus d’un nid de coucou », pour nous créer de toutes pièces ce monde de 800 pages serrées, incroyables de densité (pas que celle des mots, mais bien celle de l’épaisseur de la matière, de l’ambiance qui vous remplit le cerveau) ? Comment ce type a-t-il pu insuffler ce style pénétrant où le narrateur peut changer à chaque paragraphe, parfois dans un même paragraphe, voire même dans la même phrase ? Un style « complexe », oui, mais pas compliqué, qui vous matérialise en trois dimensions sidérantes un univers de pluie, de violence physique et psychologique, d’amour viscéral, d’alcool, de grumes lourdes et dangereuses, de travail de forçat. D’infinie subtilité.

Ne tergiversons pas. J’ai passé entre 25 et 30 heures avec Lee, Hank, Viv et tous les autres (Jenny l’Indienne, si seule, Floyd le syndicaliste, tellement dépassé, Teddy le barman subjugué et consterné…), oui entre 25 et 30 heures difficiles et magnifiques. Et je n’aurai pas assez de toute une vie pour les oublier, pour oublier ce chef d’œuvre. Ils me manquent déjà.

Enfin traduit en France. Merci Monsieur Toussaint Louverture. Une fois de plus.

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Christophe
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Une réaction à ET QUELQUEFOIS J’AI COMME UNE GRANDE IDÉE – Ken KESEY

  1. Bastien Bachet a écrit:

    Bravo Christophe, bonne retranscription d’un sentiment partagé à la lecture et qui reste bien après, beau conseil de lecture que cet ENORME livre GÉNIAL.

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