Matin de noël, Holly se réveille un peu tard. Elle s’en veut car elle a beaucoup à faire. Son mari part chercher ses parents. Sa fille adoptive dort encore. Il va falloir composer avec ce que cette journée a de routinier (pourquoi inviter toujours les mêmes personnes pour ce repas) et avec les imprévus (un blizzard paralyse la région, sa fille Tatiana semble être en pleine possession de sa misanthropie adolescente). Et surtout avec une désagréable impression que quelque chose les a suivis depuis la Russie où ils ont adopté Tatiana… quel est ce malaise ?
Et la journée avance, péniblement, alternant quelques petites touches de répit puis de conflit, de questionnements. Laura Kasischke, d’une écriture plus poétique que jamais, distille son savoir-faire avec sobriété et froideur. Jusqu’à ce que le lecteur s’y ennuie un peu ? N’y aurait-il pas une certaine redondance ? Oui le lecteur peut légitimement se poser la question. Mais pour qui a déjà lu Laura Kasischke, on sait qu’il vaut mieux rester prudent, qu’elle n’écrit pas pour rien, que tout y est pesé, pensé et… logique. Oui, car les deux dernières pages de ce roman glacial vont gifler le lecteur, lui faire très mal, en lui faisant comprendre l’horreur folle dans laquelle baigne depuis le début la journée de noël de Holly. Dans laquelle se vautre sa vie depuis si longtemps.
Encore un coup de maître pour Laura Kasischke. A nouveau, elle nous laisse dévoiler la folie d’une société américaine aux valeurs si maladroites qu’elles poussent vers une névrose collective ou individuelle.
Christophe
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