Sont regroupés dans cette trilogie, rééditée par Christian Bourgois, trois des premiers romans de John Fante construits autour de son personnage alter/ego Arturo Bandini : « La route de Los Angeles », « Bandini » et « Demande à la poussière ».
Dans « Demande à la poussière », pendant la Grande Dépression, Bandini débarque à L.A., auteur frustré, pauvre, et bardé de principes. Comme celui, en tant qu’immigré italien, de croire très fort dans son pays, se vouloir plus Américain que les autres. Jusqu’au jour où il croise Camilla la jeune serveuse mexicaine. Commence alors une relation complexe et perverse entre les deux jeunes gens : lui imbu et maladroit (et carrément fou d’elle, malgré tout) et elle, incomprise, en colère contre ce jeune couillon (et carrément fou de lui, malgré tout). Bandini illustre bien cette capacité qu’ont parfois les gens sur le trottoir de la société à se vouloir plus réacs que ceux qui les ont mis là, le museau dans le purin. Mais Bandini est un personnage entier et foutrement attachant. Au-delà de tout, il y a l’envie et l’amour de l’écriture. La scène avec la jeune lectrice éperdument conquise par son premier roman, dans la chambre d’hôtel, est d’une beauté renversante. Jusqu’à la chute, brutale, où la mère de la gamine, qui n’a forcément pas compris, à l’image de ce monde chaotique, inculte et veule, vient « délivrer » sa fifille des griffes du loup. Pauvre Bandini !
Je vous laisse avec la quatrième de couverture du bouquin. C’est Bukowski qui cause.
« J’avais une carte de la bibliothèque. Je sortis le livre et l’emportai dans ma chambre. Je me couchai sur mon lit et le lus. Et je compris bien avant de le terminer qu’il y avait là un homme qui avait changé l’écriture. Le livre était Demande à la poussière. »
Que dire de plus ?
Christophe
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