Années 70, quatre Américains, que tout a priori sépare, se liguent et se révoltent contre la défiguration industrielle et systématique de l’Ouest sauvage : un médecin qui massacre des panneaux publicitaires, sa jeune et sexy compagne, un Mormon polygame et un béret vert vétéran du Viêt-Nam, tête aussi brûlée qu’imbibée.
Leurs actions commando radicales à grands coups de dynamite ne vont pas aller sans attiser la rancune des pouvoirs publics et autres grands entrepreneurs et promoteurs, pour qui argent, bénéfices et crédibilité vis-à-vis des populations locales, sont désormais sérieusement sur la sellette.
Un homme va se mettre en travers de leurs projets : l’intraitable et terrifiant Mormon Mgr Love et son escadron de 4×4.
Dans « Le gang », écrit en 1975, Edward Abbey pose et anticipe déjà toute la problématique du militantisme écologique radical. C’est dire la résonnance que peut avoir ce roman aujourd’hui. Il y insuffle avec ses « quatre fantastiques » une sérieuse dose d’humour et de dissidence (accompagnée dans cette édition des magnifiques illustrations de Robert Crumb, complètement en phase avec le roman).
Mais les incomparables années 70 drainent avec elles tout ce qui fait leur lot : époque charnière (coincée entre la guerre du Viêt-Nam et le cynisme glaçant des années Reagan qui arrivent à grands pas) où le militantisme, le communautarisme, le pacifisme ET l’écologie se sont vu bouffer à la racine par un désenchantement radical aussi terrifiant que l’espoir fut beau et grand. Le tableau y est au final, je trouve, assez défaitiste. On ne peut d’ailleurs pas dire que les quatre larrons du « Gang de la clef à molette » soient de grands philanthropes altruistes.
Mais le propos de l’auteur semble nous dire que ce n’est parce qu’on sait qu’on a perdu qu’il ne faut ni se battre, ni se marrer, ni s’engueuler (ni piquer la copine sexy de son pote). En un mot : vivre.
600 pages d’oxygène pur.
Christophe
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