Attention, Martin Amis a des comptes à régler avec son pays et son époque. Et il n’est pas loin de partager les mêmes conclusions que Philip Roth qui déclarait : « Notre époque est un enfer de débilité ».
Exécution : Lionel Asbo est un sociopathe brutal, ignare et inculte total, foncièrement méchant, qui a connu ses premiers démêlés avec la justice dès l’âge de trois ans. Par concours de circonstance il se retrouve tuteur légal de son neveu Desmond, son exact opposé. On passera sur les égarements (cachés ?) de Desmond avec sa (jeune) grand-mère… toujours est-il que le garçon arrive un tant soit peu à se construire dans l’ombre de son furieux oncle. Jusqu’au jour où il lui achète un billet de loterie. Gagnant.
Lionel Asbo, devient alors infiniment riche. Et une star par la même occasion. Et c’est là que l’auteur se lâche. Car Martin Amis ne veut pas nous parler de la famille Asbo. Il s’en contrefout, d’ailleurs on est tous le « beauf » de quelqu’un d’autre. Non, Amis s’intéresse surtout à ce que la société anglaise peut bien faire d’un type comme Lionel une fois devenu un habitué des palaces. Le même type qu’elle envoyait systématiquement en prison quand il vivait dans sa banlieue crado.
Du jour au lendemain, Lionel, qui reste bien le même, fait la une des tabloïds, pour ses égarements, ses dépenses de mauvais goût, sa pouf aussi célèbre et débile que lui. Lionel devient à la fois la star vulgaire de football de dix-sept ans, le héros de téléréalité d’une bêtise abyssale, le Prince de Galles dont on va suivre les coucheries, bref, tout ce qui fait « l’état de l’Angleterre ».
Martin Amis n’y va pas par quatre chemins. Son réquisitoire est sans nuances. C’est bien le moins qu’on attendait de cet écrivain controversé, politiquement très incorrect, face à un tel sujet.
Jouissif.
Christophe
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