Avec « Indélébiles », Luz revient sur ses années à Charlie Hebdo. Puceau et fébrile, il entre grâce à Cabu qui le chaperonnera longtemps, lui et la bande de jeunes dessinateurs de l’équipe (Charb, Riss, Catherine et compagnie). Trois cents pages très chouettes où l’on a plaisir de retrouver ce journal et ceux qui l’ont fait renaître en 1992, loin des querelles d’ego qui l’ont bousillé (Val et Siné…) ou encore de l’attentat et des « Je suis Charlie » de (vraiment) tous les bords. C’est un esprit que Luz nous rappelle… pendant ces années où, malgré l’âpreté des combats d’avant-garde (eh oui !) l’inimaginable le restait (inimaginable).
C’est le (très) grand mérite de ce livre : rappeler ce que fut le Charlie Hebdo deuxième époque, où cohabitaient les « anciens » (on retrouve Gébé avec enthousiasme, mais aussi Cabu, Cavanna, Siné, Willem, Wolinski…) et la nouvelle génération aujourd’hui décimée (Bernard Maris, les dessinateurs cités plus hauts et tant d’autres). Un journal rigolard, vachard, irresponsable (soi-disant) mais surtout lucide. Et que l’on lisait de moins en moins… Quel gâchis.
