GRIFFE DU CHIEN (La) – Don WINSLOW

conseil-P-WINSLOW-GRIFFE

 ★★★★½ 

Fayard

Attention : monument. Dans tous les sens du terme. C’est une somme en quantité (800 pages tout de même) comme en qualité.
D’abord le contexte (foisonnant) : vous allez traverser 30 années de lutte entre les narcotrafiquants mexicains, les services secrets US, la mafia new-yorkaise et les guérillas sud-américaines.
Art Keller, de la DEA (Drug Enforcement Administration, service fédéral de police US créé en 1973 afin de lutter contre le trafic de drogue, notamment sur les territoires des pays émetteurs : Mexique, Bolivie, Colombie, etc.) va passer presque 30 ans de sa vie à combattre la famille Barrera, d’abord Tio, puis ses neveux Adan et Raul, rois du « trampoline mexicain » qui consiste à profiter de la frontière commune avec les Etats-Unis pour inonder l’Oncle Sam des drogues colombiennes ou boliviennes notamment.

Ce que le lecteur va découvrir dépasse l’entendement. Les liens entre ce trafic international et les intérêts anticommunistes et anti-terroristes, qui rendaient déjà extrêmement paranoïaques les plus hauts dirigeants américains. Des alliances de circonstances qui vont aller, venir, s’arrêter dans le sang, puis revenir… Des individus broyés par les intérêts « supérieurs » politiques et financiers. Bref, de la joie. Les quelques personnages un tant soit peu « humains » n’auront aucune possibilité de rédemption, de nouveau départ. On ne quitte ces milieux que mort.

Les choix d’Art Keller, convaincu de son juste combat (qui tourne quand même à la vengeance personnelle) vont avoir des conséquences absolument terribles, effroyables. Il s’en rend compte tout au long du livre, il s’enfonce petit à petit dans une schizophrénie dangereuse : aller jusqu’au bout quitte à se dégoûter définitivement de soi-même et du reste. Parallèlement à la dénonciation (évidente) de cette gangrène mafieuse des narcos, c’est tout le système économique, dit libéral, imposé par les Etats-Unis aux pays d’Amérique centrale et du Sud qui est stigmatisé (point d’orgue sur l’ALENA). Les méthodes sont différentes, les objectifs sont les mêmes : l’argent, toujours plus.

Un livre d’une densité terrible, d’une force rare, voire unique. Chef d’œuvre.
Avertissement : certaines scènes de ce thriller politique sont absolument bouleversantes, voir choquantes.

Christophe
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