Edouard est un jeune aristo atypique dans le XIXème siècle anglais bien coincé du – biiip – et somme toute peu enclin à accepter ses provocations éthyliques et salaces. Mais on sent bien que sous ses grands airs de beau gosse peu farouche, l’Edouard cache mal une personnalité au bout du rouleau, tétanisée par l’ennui et certainement tout un tas d’autres angoisses plus ou moins assumées. Et c’est là qu’entre en scène une nouvelle venue parmi le nombreux petit personnel de maison : la discrète Lisbeth. Une nuit, elle le ramasse dans le caniveau, si l’on peut dire, au retour d’une de ses beuveries. Se noue dès lors un lien à la fois intime et pervers, comme un jeu du chat et de la souris, entre le jeune maître arrogant et séduisant et sa domestique transparente et effacée (mais loin d’être couillonne). Plusieurs questions déboulent forcément chez toutes et tous (vous lecteur, nos deux imprudents ainsi que leur entourage outré) : pourquoi ? Jusqu’à quand ? Et qui y laissera les plumes et les os ?
Hubert m’avait déjà convaincu avec « Beauté » qui gravite dans les mêmes banlieues du questionnement de l’apparence physique et de ses conséquences sur nos caractères, nos liens et nos réussites. Avec « Monsieur désire ? », c’est à nouveau très bien mené : l’histoire est captivante, les dialogues bien écrits souvent éloquents. Les illustrations de Virginie Augustin (une inconnue me concernant), mêlant discrétion et inspiration, sont à l’avenant. Que demander de plus ? Pas grand-chose je crois.
