On connait tous Sylvain Tesson, le voyageur géographe, qui a parcouru notre caillou dans ses grandes largeurs, raconté tout ça dans pléthore de bouquins, reportages de presse ou films docus.
En 2014, le garçon tombe d’un toit, dix mètres de chute, c’est pas rien. Coma artificiel, trauma facial, guirlande de fractures. Mais il s’en sort. Cet évènement dramatique lui donne envie de changer d’échelle, de changer d’allure, d’aller grimper la colline d’en face plutôt que de remonter un fleuve en Mandchourie, dans le Caucase ou je ne sais trop où encore. D’où l’idée de traîner ses godasses et son sac à dos des Alpes au Cotentin, en traversant la France du vide, en passant par les sentiers les plus épineux, les plus broussailleux, ceux marqués d’un léger trait sur les cartes d’état-major : les « chemins noirs ».
Intention passionnante. Tesson fuit la France des ronds-points décorés et du haut-débit. Si l’écriture frime un peu, je trouve, avec son vocabulaire parfois suranné et agaçant, son point de vue est un acte de foi aussi fatigué que serein. Comme la sensation que l’on doit avoir en sautant d’un train à pleine vitesse et en se relevant dans les ronces ou le gravier, secoué mais vivant et surtout : enfin seul et au calme.
J’ai une passion excessivement limitée pour les récits d’aventure à l’autre bout du monde, et pour l’autre bout du monde tout court d’ailleurs, justifiant ainsi, certainement avec maladresse, une certaine indolence, voire une langueur de corps et surtout d’esprit qui me fait préférer le plateau du Vercors à l’exotisme d’un baobab. Autant donc vous dire que le propos de Sylvain Tesson m’a joyeusement convaincu.
Christophe
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