COMME L’OMBRE S’EN VA – Antonio MUNOZ MOLINA

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 ★★★½☆ 

Seuil

Quand Antonio Munoz Molina se rend compte que James Earl Ray, l’assassin de Martin Luther King, est passé par Lisbonne dans sa fuite, c’est pour lui l’occasion de nous partager le sentiment fort qui le lie à cette ville, celle sur laquelle il a écrit le roman qui l’a rendu célèbre : « L’hiver à Lisbonne ».
« Comme l’ombre s’en va » fouille dans deux directions finalement tout aussi intéressantes : d’une part la reconstitution d’un des plus célèbres meurtres du XXème siècle, un de ceux qui a forgé la mémoire collective (après, lors de la fuite ; avant, la construction mentale de Earl Ray ; puis pendant l’assassinat lui-même vu du côté de M. L. King), et d’autre part l’attachement à la fois nécessaire et compliqué mais toujours viscéral qu’éprouve l’auteur pour l’écriture et l’inspiration.

Si l’écriture, justement, de Munoz Molina est toujours aussi impeccable (lisez le chef d’œuvre « Dans la grande nuit des temps »), sa reconstitution du parcours de James Earl Ray captivante, j’ai cependant été moins convaincu par la mise en perspective avec son propre vécu, ou encore avec la ville de Lisbonne. Si pris séparément, chaque sujet abordé reste vraiment passionnant, impeccablement conté, le ciment du tout semble moins vertigineux, moins pertinent à mon goût que dans certains autres romans « non fictionnels » tels que « L’imposteur » de Javier Cercas ou encore « D’autres vies que la mienne » d’Emmanuel Carrère.

Petit jeu. Je finis sur une petite coquille anecdotique mais marrante : trouverez-vous la page où « James Earl Ray » se transforme, certainement à l’initiative d’un correcteur automatique un peu trop volontaire, en thé à la bergamote (« James Earl Grey », véridique) ?

Christophe
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