Milo Milodragovitch, détective privé, a plusieurs bonnes raisons de ne pas trop freiner du côté de la bouteille : une nouvelle loi sur les divorces facilitant les procédures, sa petite boutique de filature est en plein marasme ; et s’il se sait héritier d’une riche famille de son bled, Meriwether, il sait surtout que par une disposition testamentaire un peu taquine de ses aïeux, il ne touchera rien avant ses 53 ans.
C’est dans ce contexte morose que la pimpante Helen Duffy le sollicite pour retrouver son jeune frère. Bien qu’excessivement maladroit dans son premier contact (Milo tombe très vite amoureux, pardonnez-le), les deux vont finir par s’entendre. L’enquête va mener notre privé alcoolique vers un monde de junkies qui semblent, ces derniers temps, proliférer encore plus que les piliers de bar.
Voilà un polar qui frôle la perfection : trognes éthyliques, toujours entre rires et larmes, sales types et cœurs en bandoulière. Toute une galerie magnifique au milieu de laquelle trône le grand, le bon, le pauvre Milo Milodragovitch, souvent plus paumé qu’à son tour. La plume du grand James Crumley est aussi formidable dans les élans de violence folle que dans les moments de pure grâce, et il y en a. Un de mes auteurs préférés (« Folie douce », « Le dernier baiser ») dont ce premier roman donne déjà la mesure de l’incomparable talent.
A noter que cette réédition chez Gallmeister propose une nouvelle traduction du roman de James Crumley accompagnée des illustrations du très bon Chabouté.
Christophe
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