EN ATTENDANT BOJANGLES – Olivier BOURDEAUT

 conseil-R-BOURDEAUT-BOJANGLES

 ★½☆☆☆ 

Finitude

Ah, « Bojangles », c’est le coup de cœur du printemps 2016. Enfin, pas le mien. Mais celui de pas mal de monde (libraires, médias, lecteurs, allez tous en cœur : « qui ne saute pas… » oups, pardon). Un titre à la Beckett, une référence à une chanson de Nina Simone, une histoire d’un couple d’aristos magnifiquement déraisonnables, grands et beaux (Cf. couverture), qui s’aiment, mais qui s’aiment, à se vouvoyer, à danser sur « Mr Bojangles » avec un oiseau tropical (ben oui, pourquoi un bête chien ?), à investir des châteaux en Espagne, à y tenir jusqu’au petit jour des banquets où amis et sénateurs viendront s’émerveiller de l’esprit de leurs hôtes, et à éduquer le gamin en dehors des travers si poissards de l’école publique… Mais attention, ce n’est pas que de la bluette, tûtûtût, une ombre menaçante gagne la petite famille : maman qui, au passage, crame par les deux bouts la santé pécuniaire du foyer (c’est bien connu, les femmes dépensent sans compter ce que les hommes gagnent), maman, donc, n’est pas que fofolle, elle est « folle » tout court. Et, à juste titre, cela angoisse mari et enfant. Comment cela va-t-il finir ? Suspens que je vous offre en cadeau, je suis bien gentil en vérité.

Le vocabulaire et le style d’Olivier Bourdeaut est à la hauteur : expressions surannées, quelques gros mots qui émergent (ça c’est le côté foufou), des dialogues en prose rimée… On se croirait dans un album jeunesse un peu sympa, édité chez l’école des loisirs.

Quand il ferme ce livre, le lecteur doit se sentir bien médiocre à écouter Mark Knopfler dans sa twingo, gagner sa croûte aux assedics et remplir son charriot chez Auchan. Mais la littérature doit nous faire rêver ! « Bojangles » sert à ça. Et qu’on ne me le compare pas à Vian ! Cette blague. Non mais franchement. Le parallèle avec « L’écume des jours » ne tient pas une seconde, tant l’inventivité de Boris Vian était pour le coup réellement féérique et angoissante. Et Vian, c’est aussi « J’irai cracher sur vos tombes ».

Attention, Olivier Bourdeaut : futur tête de gondole. Une fois par an. On prend les paris ?

Christophe
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