Leo Pontecorvo est un cancérologue pédiatrique reconnu, bon père de famille, bien marié, riche, progressiste, intelligent, influent et honnête : bref, vous l’aurez compris, quelqu’un de socialement et professionnellement très établi. La seule faille qu’on pourrait lui reconnaître, une fois rentré du travail dans son « doux foyer », c’est d’être complément et volontairement dépendant de sa femme, elle-même très intelligente et aimante. Pas bien méchant, donc.
Persécution est le récit d’une chute vertigineuse. Car quand Leo Pontecorvo accepte d’accueillir la petite amie d’un de ses fils lors des sports d’hiver en famille, il ne sait pas qu’il a fait entrer, en la personne de cette jeune demoiselle de treize ans, le loup dans la bergerie. Et l’agneau, c’est lui. Dès la première page, on apprend qu’il est mis en examen pour tentative de viol sur une mineure. Comment en est-il arrivé là ? Lui le roc, l’insubmersible et magnifique Leo Pontecorvo, comment a-t-il pu se faire avoir par cette minette ? Qu’a-t-il réellement fait ? Et comment va-t-il se défendre ?
Attention, Alesandro Piperno n’est pas un tendre. Il n’est pas là pour aider son « héros »… car avec la manière dont l’univers social mais aussi familial du médecin nous est présenté, on comprend que l’auteur ne lui laissera pas beaucoup de chances. Sa situation de « pédophile présumé » étant d’emblée indéfendable, l’histoire se déroule alors à charge contre Léo complètement éberlué, avec une férocité qu’on comprend pleine de cynisme et de colère chez Piperno !
Un livre mordant, souvent drôle et… terrible. Implacable, l’auteur Alessandro Piperno sait où il va, et c’est fort juste dans l’idée qu’il se fait de tout un tas de piliers éternels et hyper moraux : le travail, la famille, la justice, l’enfance. Dynamitage en règle TRÈS réussi.
Christophe
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