Fin XIXème dans le Massachussetts, le couple que forment Ethan Frome et Zenobia, sa femme acariâtre, vit dans la pauvreté au milieu de leur misérable ferme. Arrive auprès d’eux la cousine Mattie, qu’ils vont héberger alors qu’elle les aidera au quotidien. Ethan, homme réservé pour ne pas dire résigné, un homme bon, tombe amoureux de la jeune femme et bascule alors dans la grande et tragique famille des hommes brisés. Par l’amour, celui qui gangrène, car impossible. Zenobia se rend compte rapidement de la situation et c’est désormais une guerre froide qu’elle mène aux tourtereaux, trop fragiles, comme tétanisés.
Attention, lecteurs et lectrices d’ « Ethan Frome », pas de sentiments convenables dans les quelques pages de ce petit roman, mais la puissance dévastatrice du désespoir. Oui, pesez bien chaque mot : « Puissance » « Dévastatrice » et « Désespoir ». Une trinité du diable (ou plutôt d’une diablesse : Zenobia) qui chaperonne Ethan et Mattie vers dix mille fois pire que la mort.
Un roman de plus, certes, après la lecture duquel nous chercherons, au moins l’espace d’un instant, la réponse à la question : mais pourquoi faut-il que l’amour, peut-être la seule opportunité qui nous ait été donnée, à nous petites larves insignifiantes, d’être grands, puissants, nous rend-il finalement si méchants, jaloux, tristes, veules, rabougris et vaincus ? Faut-il que, de tout temps, nous ayons été bien prétentieux et foncièrement abrutis pour ne pas avoir trouvé la réponse.
Christophe
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