Avec : Aleksey Serebryakov, Elena Lyadova, Vladimir Vdovichenkov
Près de la mer de Barents, dans un cadre austère mais absolument grandiose, Kolia vit dans la maison de ses ancêtres avec sa femme Lilia et son fils. Mais le maire de la localité, corrompu et avide, lorgne sur la propriété à des fins immobilières juteuses et enclenche une procédure d’expropriation. Kolia fait appel à son ami Dmitri, aujourd’hui avocat à Moscou. Si la présence (et les appuis) de ce dernier poussent le maire et ses amis corrompus dans leurs retranchements, son pragmatisme, son éducation et son bon sens, face à l’ivresse et la colère permanente de Kolia, auront également d’autres implications, cette fois plus personnelles, que vous imaginez bien, chez Lilia.
A partir de cette histoire à deux niveaux, Andrey Zvyagintsev fait une œuvre de très grand cinéma, d’une beauté formelle époustouflante, avec des acteurs ahurissants de force, de rage et de désespoir. Aucune question soulevée par ce film ne sera esquivée (corruption des autorités, jalousie des amis, cynisme des hommes d’église, déliquescence de la famille, patriarcat malsain et violent, transmission pathétique pour les nouvelles générations…), le tout sans donner cette impression de « trop », de boulimie didactique. Zvyagintsev va au bout du « Léviathan », et nous impose cet effondrement général en trou noir qui aspire tout autour, en développant ses questionnements sur l’animal humain, son égoïsme, son incapacité à accepter l’autre dans sa différence, dans une œuvre que l’on pourra qualifier, à l’instar du critique du journal La Croix, de « supérieurement intelligente ».
Christophe