ICI – Richard McGUIRE

conseil-BD-MCGUIRE-ICI

 ★★★½☆ 

Gallimard

2014, un plan fixe. A priori un salon, une cheminée, un carton ouvert, encore un peu de déco, visiblement un déménagement est en cours. Mais aussitôt la deuxième planche, si la cheminée nous prouve bien que nous sommes au même endroit, avec pour le lecteur strictement les mêmes angle et largeur de vue, nous voilà en 1957. Troisième planche : 1942. Un escabeau. La cheminée est « toujours » présente, le motif mural n’est pas le même. Etc. 2007, à nouveau 1957 (introduction d’un personnage), 1623, 1999… et c’est le début du vertige temporel de « Ici » de Richard McGuire.

Vous l’avez compris, l’auteur choisit un lieu et un point de vue uniques et nous promène dans le temps, jusqu’à moins 3 milliards d’années auparavant et poussant son imagination et la nôtre au XXIVème siècle. Avec une multiplicité d’époques intermédiaires… Et l’on se sent devenir tout petit face à cette immensité, malgré l’étroitesse du plan. A chaque date des gens différents, des familles, des individus auront « habité » cet « ici ». Se sentant « chez eux ». Voire même propriétaire. Certains dialogues nous rappelant combien ces minuscules vies sont malgré tout importantes. McGuire nous fait alors ressentir cette futilité éternellement recommencée de notre passage sur terre.

La « lecture » de ce livre peut être un véritable jeu de piste généalogiste que l’on tenterait de résoudre dans une sorte de manège à crémaillère, partant lentement jusqu’à effectuer de furieux loopings et grand huit… quel petit enfant est devenu ce vieil homme quelques années plus tard, et inversement ? Qui sont ces colons ? Ces indiens ? Au-delà de cette place, cet « ICI » sur terre, quels liens peuvent éventuellement exister entre eux ?

C’est souvent compliqué. Si l’on se concentre beaucoup au début, on est vite vaincu par la multiplicité des situations. Ce que l’on pourrait croire être une facilité, voire un défaut du livre, est peut-être – certainement d’ailleurs – un des buts recherchés de l’auteur : nous happer par un vertige à la fois angoissant et merveilleux. A ce compte-là, c’est plutôt réussi.

Christophe
retour à la liste de conseils bandes dessinées

Avec mots-clefs , .Lien pour marque-pages : permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *