Série en cours / 1 volume
D’après Philippe Claudel
A son retour des camps, Brodeck est chargé par les villageois de rédiger un rapport sur le meurtre de l’ « Anderer », cet homme au comportement tellement… étranger.
Mais pourquoi serait-ce à lui, qui n’a pas participé à cette exécution, de rédiger ce rapport ? Et pourquoi cette méfiance à son égard, voire cette défiance, cette menace permanente ? Que s’est-il passé pendant son absence ?
Si les nationalités ne sont pas évoquées, la référence à l’après-guerre et son racisme anti allemand est ici évidente. Les vaincus deviennent les bourreaux. Et l’on comprend vite que ce ne sont pas les nationalités qui font les meurtriers mais les nationalismes, viscéralement ancrés dans toute humanité, d’où qu’elle soit et quel que soit son passé.
Après la tétralogie « Blast », on n’est pas tellement surpris de voir Manu Larcenet s’attaquer à l’adaptation du roman très sombre de Philippe Claudel. C’est typiquement le genre d’histoire qu’on imaginait bien lui coller à la peau.
Et s’il réussit encore son pari dans ce premier volume, grâce à ces planches grises, noires et blanches souvent magnifiques, ces ambiances froides et taiseuses, même glaciales et choquantes (et très réussies) concernant les souvenirs des camps, on peut malheureusement penser qu’il ne nous bouscule pas plus que ça. De là à dire que Larcenet commence à développer quelques tics et clichés dans sa « nouvelle » manière de faire de la bande dessinée… Il y aurait presque un côté « facile » à s’être jeté sur cette histoire de Philippe Claudel.
Le problème avec des auteurs de sa trempe, habitués à nous surprendre, c’est quand ils deviennent prévisibles. Et c’est un peu le cas ici.
« Le rapport de Brodeck » n’en reste pas moins un livre bien bien au-dessus de la majorité des autres parutions.
