Tyrone Meehan est une figure de l’IRA. Arrivé à Belfast encore enfant, il s’est construit, comme beaucoup de jeunes Catholiques Irlandais, avec la haine des Anglais et des Protestants, en réaction viscérale contre l’injustice de ce qu’ils vivent comme une occupation. Il purgera même plusieurs années de prison à Long Kesh où Bobby Sands mourut de sa grève de la faim en 1981.
Mais en 2005, les Anglais révèlent que Meehan leur a livré des informations depuis vingt ans. Il passe alors de héros à traitre.
Antoine, luthier parisien, connait Tyrone depuis longtemps quand il apprend cette terrible nouvelle. Ils étaient devenus amis. Depuis leur rencontre, quand il était réellement subjugué et impressionné par cette figure charismatique qu’était Tyrone Meehan, Antoine a fini par jouer un petit rôle dans la lutte des indépendantistes nord-irlandais, notamment en hébergeant certains d’entre eux sur Paris.
Ces deux romans sont deux facettes de cette même histoire. Si « Mon traitre » aborde principalement la traitrise de Tyrone vis-à-vis de leur amitié (a-t-il aussi menti à Antoine ? leur amitié était-elle seulement de circonstance ?), « Retour à Killybegs » revient sur l’histoire proprement dite de Meehan, un homme à l’image de son pays, compliqué, divisé, violent, à la fois héros et salaud.
Ces livres s’abordent avec d’autant plus d’émotion qu’on le sait bien : Antoine, c’est Sorj Chalandon ; Tyrone Meehan c’est Denis Donaldson. Les noms, certaines dates, quelques faits ont dû être volontairement changés. Mais, oui, l’histoire est vraie.
Deux romans clefs pour comprendre non seulement ce qui fut un conflit majeur du siècle dernier en Europe, mais aussi pour parler de l’amitié, de sa fragilité et de son importance.
Christophe
retour à la liste de conseils romans
