EN FINIR AVEC EDDY BELLEGUEULE – Edouard LOUIS

conseil-R-LOUIS

 ★★★☆☆ 

Seuil

Eddy est issu d’une famille défavorisée et vit dans un petit village picard. C’est vers l’âge de 9 ans qu’il découvre qu’il est « différent » des autres garçons. Essayant longtemps de cacher son penchant homosexuel à sa famille et à ses copains, il est malgré tout sujet aux insultes et à l’exclusion. Au collège, des élèves le passent à tabac régulièrement. Son père le rabaisse continuellement quand Eddy, lui, n’a qu’une envie : s’enfuir de chez lui et se construire loin de sa famille dont il se sent si étranger.

« En finir avec Eddy Bellegueule » est une autobiographie romancée qui relate l’exclusion, le rejet et la honte d’un enfant pas comme les autres, phénomène amplifié par un cadre familial rustre, ignorant, inculte et pauvre. C’est de cette enfance-là dont il est question mais aussi de l’acheminement vers l’autonomie, l’indépendance et la construction de ses propres valeurs.
L’histoire poignante d’un homme qui veut vivre libre, tout simplement.

Karine

« En finir avec Eddy Bellegueule » fait partie de ces romans-témoignages qui ont une seconde vie. Celle de la stupéfaction et la colère de ceux dont il parle, à savoir ici les habitants du village picard et la famille d’Eddy, aidées et alimentées en cela par une médiatisation impressionnante, inhérente au succès.

Et l’on retrouve les mêmes malentendus. Oui tous ces gens se sont sentis offensés par la description qu’Édouard Louis fait d’eux dans son livre. Et pourtant ! J’ai trouvé que son regard sur ses parents notamment était très touchant. Et que, passée la première impression violente et évidente de leur racisme, de leur homophobie, on découvrait des gens mal à l’aise avec ce gamin différent mais dont ils éprouvaient secrètement une sincère fierté (notamment quand son père l’accompagne pour qu’il aille à un entretien d’entrée au lycée ; ou quand il fait une fugue). Édouard Louis n’insulte pas sa famille, ni son milieu. Bien au contraire. Il rappelle par de nombreux exemples que, s’il fut leur victime au quotidien, eux-mêmes le sont de la pauvreté, de l’ignorance, dans lesquelles on les laisse « vivre » à la fin du XXème siècle en France. Pierre Bourdieu appelle ça « La misère du monde ».

Malheureusement, le livre n’a pas été compris par les proches d’ « Eddy ». On se retrouve dans la même situation d’incompréhension « de classe » que Pierre Jourde a connue avec Pays Perdu (lisez « La première pierre »). Et avec au milieu, devinez quoi : un livre. C’est très inquiétant.

Christophe
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