CHAMBOULA – Paul FOURNEL

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 ★★★☆☆ 

Seuil

La littérature africaine (ou sur l’Afrique) est relativement pléthorique. On a eu de tout. Souvent du très très bon (lisez Hatzfeld, A. Kourouma ou encore Khadra, L.Miano, H. Mankell et même American Darling de Russel Banks). Que peut nous apporter Paul Fournel ? Une chose rare : l’humour. Car il faut bien avouer que sur ce sujet, on ne se marre pas souvent. Ici, c’est aux larmes que l’on rit… mais attention : humour noir, décalé, ravageur, acide ! L’auteur, président de l’oulipo à la sortie du livre, sait mener son bouquin exactement là où on ne va pas l’attendre. Parfois même avec beaucoup de poésie… le style n’est heureusement pas qu’à la grosse rigolade. L’histoire n’est pas compliquée : comment, après l’arrivée de la « civilisation » (notamment un frigo que les femmes jugent « plus dur mais moins chaud que les hommes« … tout un programme) dans un petit village africain (le Village Fondamental !), celui-ci va rentrer de plein fouet dans le XXème siècle avec le fardeau de conséquences que l’on imagine : urbanisation galopante (le lion ne viendra plus boire, le cimetière des « ancêtres » sera délocalisé), petits blancs des compagnies pétrolières pas spécialement philanthropes, émigration pour trouver du boulot, devenir une star du foot, etc. etc.
Paul Fournel va pourtant nous jouer un drôle de tour : il mêle différents scénarios en suivant ses personnages chapitre après chapitre (ultra courts : deux pages le plus souvent). Par exemple Boulot (quel nom !), candidat à l’émigration, va vivre différentes fortunes : mourir gelé dans un train d’atterrissage, mendiant à Paris, étudiant à Sciences-Po, etc. Idem pour toute une série de personnages, dont la très belle, la magnifique Chamboula, qui fait tourner les têtes de tous les hommes, Noirs ou Blancs.
Bref, un roman qui, finalement, frôle l’exhaustivité sur la situation de certains pays Africains aujourd’hui, notamment dans leurs relations face à « l’Occident » et la France plus particulièrement. Des situations le plus souvent scandaleuses. Et pourtant on rit (jaune) tout le long. Bravo, car l’exercice était très risqué.

Christophe
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