E.P.U. 95 Montmorency

Formation MŽdicale Continue du Val d'Oise

ASSOCIATION AMICALE DÕENSEIGNEMENT POST UNIVERSITAIRE DE LA REGION DE MONTMORENCY

Les nouveautŽs en matire de prise en charge de lÕepilepsie

Dr Pascal Masnou Neurologue Ð H™pital Bictre - Paris

SŽance du 10 janvier 2008 ˆ 20 H 15

(Compte rendu ˆ partir de lÕexposŽ et complŽtŽ par des donnŽes gŽnŽrales)

1.   ŽpidŽmiologie

Le taux dÕincidence, tous ‰ges confondus, de lՎpilepsie est compris entre 24 et 53 nouveaux cas pour 100 000 habitants/an. CÕest la pathologie neurologique la plus frŽquente aprs les cŽphalŽes. LÕincidence de lՎpilepsie est la plus ŽlevŽe chez lÕenfant et le sujet de plus de 60 ans. La prŽvalence est, globalement, dans les pays industrialisŽs, tous ‰ges confondus, de 7. Au moins un quart de lÕensemble des crises inaugurales est observŽ chez les sujets ‰gŽs de plus de 60 ans. Le nombre d'Žpileptiques traitŽs en France est d'environ 400 000.

2.   DŽfinitions & Classification

2.1. DŽfinitions

2.1.1. Epilepsies idiopathiques

Il nÕy a pas d'autre cause sous jacente qu'une possible prŽdisposition hŽrŽditaire. Ces Žpilepsies sont dŽfinies par un dŽbut liŽ ˆ l'‰ge, des caractŽristiques cliniques et EEG et une Žtiologie gŽnŽtique prŽsumŽe.

2.1.2. Epilepsies symptomatiques

Elles rŽsultent d'un dŽsordre connu ou suspectŽ du systme nerveux central.

2.1.3. Epilepsies cryptogŽniques :

La cause de lՎpilepsie est cachŽe ou occulte. Ces Žpilepsies sont prŽsumŽes tre symptomatiques mais l'Žtiologie n'est pas connue.

2.2. La classification internationale des crises Žpileptiques (1981)

Elle distingue :

4     Crises gŽnŽralisŽes

o      Absences : typiques, atypiques

o      Crises myocloniques

o      Crises cloniques

o      Crises toniques

o      Crises tonicocloniques

o      Crises atoniques

4     Crises partielles

o      Crises partielles simples : avec signes moteurs, avec signes somatosensitifs ou sensoriels, avec signes vŽgŽtatifs, avec signes psychiques

o      Crises partielles complexes :

o      DŽbut partiel simple suivi de troubles de la conscience et/ou dÕautomatismes

o      Avec troubles de la conscience ds le dŽbut de la crise, ± automatismes

o      Crises partielles secondairement gŽnŽralisŽes

3.   Les crises et les Žpilepsies gŽnŽralisŽes

3.1. GŽnŽralitŽs

Elles se caractŽrisent par une perte de connaissance qui n'est pas prŽcŽdŽe par un signe et qui peut tre

4     AccompagnŽe d'une chute avec convulsions et coma avec amnŽsie prolongŽe : c'est la crise convulsive (grand mal)

4     Les absences avec brve suspension de conscience

4     Les myoclonies : accs de secousses musculaires aprs le rŽveil, touchant prŽfŽrentiellement les membres supŽrieurs et survenant en pleine conscience avec l‰chage dÕobjet (le sujet renverse son bol du petit dŽjeuner)

4     Les crises toniques, atoniques qui surviennent chez lÕenfant

 

3.2. Les formes cliniques des crises gŽnŽralisŽes

Toutes les crises sont des crises gŽnŽralisŽes d'emblŽe. Il y a 3 types de crises plus ou moins associŽes selon les syndromes Žpileptiques considŽrŽs.

3.2.1 Les crises gŽnŽralisŽes tonicocloniques (ou convulsives)

La crise dure de 2 ˆ 3 minutes. Elle commence par une phase tonique avec cris et chute souvent traumatisante. Cette premire phase se caractŽrise par une contraction en hyperextension ou en flexion des membres qui dure quelques secondes. Par la suite survient les convulsions. Une morsure des bords latŽraux de la langue est frŽquente et une perte des urines possible. La phase postcritique survient aprs la crise avec une reprise bruyante de la respiration (stertor), hypersalivation.

La rŽcupŽration est spontanŽe, en une dizaine de minutes mais au rŽveil, le patient est confus le retour ˆ la conscience Žtant progressif. Au dŽcours le patient n'a aucun souvenir de la crise, sauf s'il a eut une aura juste avant (crise partielle secondairement gŽnŽralisŽe).

Les crises convulsives sont ˆ distinguer des syncopes convulsivantes au cours desquelles il peut exister pendant la PC (qui ne dure que quelques secondes) quelques mouvements toniques ou cloniques mais de durŽe brve et il nÕya pas de confusion postcritique.

3.2.2. Les absences 

Elles apparaissent chez lÕenfant, les parents ou la maitresse dՎcole signalent que lÕenfant est souvent Ç dans la lune È et quÕil ne rŽpond pas si on lui parle. Il peut exister quelques mouvements automatiques ou des clonies palpŽbrales en mme temps. LÕEEG bien rŽalisŽ retrouve des absences notamment ˆ lÕhyperpnŽe avec des pointes-ondes gŽnŽralisŽes rythmiques ˆ 3Hz durant une dizaine de secondes.

3.2.3. Les myoclonies massives

. Il sÕagit de secousses musculaires survenant en pleine conscience, touchant les membres supŽrieurs et/ou des membres infŽrieurs pouvant entra”ner un l‰chage dÕobjet (bol du petit dŽjeuner, brosse ˆ cheveux dans la salle de bain) ou des chutes brutales sans perte de connaissance. LÕEEG intercritique montre des polypointes et pointes ondes ˆ 3-4 cycles/seconde.

3-3 Les principales formes cliniques des Žpilepsies gŽnŽralisŽes :

LÕEEG montre des dŽcharges gŽnŽralisŽes bilatŽrales, synchrones, symŽtriques. L'examen clinique et l'Žtat intellectuel sont normaux et lÕimagerie mŽdicale est normale. Il n'existe aucune Žtiologie autre qu'une prŽdisposition gŽnŽtique

La rŽponse au traitement est, le plus souvent, bonne.

3.3.1-les Žpilepsies gŽnŽralisŽes idiopathiques

(i) LՎpilepsie-absences :

Le pic de survenue est autour de 7 ans, chez un enfant jusque lˆ normal, avec des absences pluriquotidiennes extrmement nombreuses.

(ii) LՎpilepsie-absences juvŽnile

Le dŽbut est plus tardif que lՎpilepsie-absences et les absences sont moins frŽquentes. Cette forme dՎpilepsie dŽbute ˆ la pubertŽ et se caractŽrise par des absences associŽes ˆ des crises tonicocloniques espacŽes facilitŽes par les manques de sommeil et/ou les irrŽgularitŽs de traitement.

(iii) LՎpilepsie myoclonique juvŽnile

Elle dŽbute entre 12 et 18 ans (‰ges extrmes : 8-26 ans). Les crises surviennent volontiers le matin au rŽveil Ç maladresse du petit dŽjeuner È. Les facteurs dŽclenchant sont un manque de sommeil, lÕalcool et parfois la SLI.

Des crises gŽnŽralisŽes tonicocloniques sont associŽes favorisŽes par le manque de sommeil et suivent parfois les accs myocloniques.

(iv) LՎpilepsie avec crises grand mal du rŽveil

Elle dŽbute, elle aussi, aux alentours de la pubertŽ. Les crises sont gŽnŽralisŽes tonicocloniques au rŽveil.

3.3.2 Epilepsies gŽnŽralisŽes symptomatiques ou cryptogŽniques

Elles dŽbutent le plus souvent dans l'enfance ˆ des ‰ges diffŽrents selon les syndromes et comporte des tableaux complexes associant plusieurs types de crises et souvent des troubles de dŽveloppement psychomoteur ou/et du comportement.

4.   les crises et epilepsies partielles

Les crises sont cliniquement :

4     StŽrŽotypŽes chez le mme patient

4     De survenue inopinŽe

4     De durŽe brve (quelques secondes ˆ quelques minutes)

Le diagnostic se fait ˆ lÕaide de lÕinterrogatoire du patient et des tŽmoins+++ (le patient a une amnŽsie totale ou partielle de sa crise au cours des crises partielles dites Ç complexes È)

4.1. La classification internationale des crises partielles

Elle distingue :

4     Les crises partielles simples (CPS), ne sÕaccompagnant pas dÕaltŽration de la conscience : le patient est tout ˆ fait conscient de ses troubles, seul un interrogatoire minutieux peut permettre de renseigner sur lՎventuel contenu et le dŽroulement de ces crises en cas de sŽmiologie subjective (hallucinations, phŽnomne dysmnŽsique, viscŽrovŽgŽtatif...).

4     les crises partielles complexes (CPC) sÕaccompagnant dÕune altŽration plus ou moins marquŽe de la conscience et sÕaccompagnent le plus souvent dÕautomatismes (oro-alimentaires, gestuels, verbaux) ;

4     Les crises partielles secondairement gŽnŽralisŽes.

4.2. Classification topographique des crises partielles

Les manifestations cliniques sont fonction de la localisation cŽrŽbrale initiale de la dŽcharge puis de son Žventuelle propagation. On doit donc prendre en compte tout ˆ la fois les signes initiaux, subjectifs ou objectifs, renseignant sur la rŽgion cŽrŽbrale impliquŽe dans lÕorigine de la crise et leur Žvolution et leur succession dans le temps, renseignant sur les rŽgions impliquŽes par la propagation de la dŽcharge. Certains signes vont sÕavŽrer hautement localisateurs :

4     Des clonies focales : cortex rolandique

4     Des hallucinations ŽlŽmentaires, peu prŽcises : cortex visuel,

4     Des hallucinations auditives : gyrus de Heschl,

4     DŽjˆ vu-dŽjˆ vŽcu (cortex temporal).

 

4.2.1. ƒpilepsies lobaires

i) ƒpilepsie de la face mŽdiale du lobe temporal

Ce syndrome comporte une sŽquence temporelle Žvocatrice :

4     Survenue frŽquente dans la toute petite enfance dÕun ŽvŽnement prŽcoce (convulsion fŽbrile compliquŽe +++),

4     Intervalle libre,

4     DŽbut dans lÕenfance de crises partielles stŽrŽotypŽe,

4     LÕhoraire des crises est le plus souvent diurne.

Ce tableau clinique est associŽ dans la majoritŽ des cas ˆ lÕexistence dÕune atrophie hippocampique sur lÕIRM, corollaire neuroradiologique de la sclŽrose hippocampique dont le diagnostic est anatomopathologique.

 

ii) ƒpilepsies temporales et juxtatemporales

Les crises comportent des sympt™mes vŽgŽtatifs, psychiques, auditifs, aphasiques. Des phŽnomnes dysmnŽsiques et expŽrientiels peuvent tre prŽsents. LÕEEG intercritique peut tre normal ou montrer un foyer d'ondes lentes et/ou de pointes.

4     Les crises partielles simples (avec conscience normale) : sympt™mes vŽgŽtatifs, psychiques et certains phŽnomnes sensoriels (olfactifs, auditifs) et vertiges. Une sensation Žpigastrique ascendante et angoissante est trs commune.

4     Les crises partielles complexes (avec rupture du contact et amnŽsie) : automatismes oro-alimentaires, confusion postcritique habituelle.

Assez souvent, les crises temporales nŽocorticales se caractŽrisent par une rupture du contact dÕemblŽe ou tout au moins prŽcoce.

iii) ƒpilepsies frontales

Ce sont les Žpilepsies partielles simples ou complexes symptomatiques les plus frŽquentes aprs les Žpilepsies temporales.

Certains sympt™mes doivent prŽfŽrentiellement orienter vers une Žpilepsie frontale :

4     Crises brves, pouvant tre rapprochŽes, avec un retour immŽdiat ou rapide ˆ la conscience (confusion postcritique rare et peu importante),

4     RaretŽ ou brivetŽ des sympt™mes subjectifs initiaux (Ç aura È),

4     PrŽdominance nocturne (au cours du sommeil) des crises,

4     Automatismes gestuels complexes violents/crises dÕallure hystŽrique ou, au contraire, pseudo-absences,

4     Signes moteurs prŽcoces au cours de la crise  chutes frŽquentes,

4     GŽnŽralisations rapides et frŽquentes.

Quelques formes particulires de crises frontales :

4     Les crises de l'aire motrice supplŽmentaire : ŽlŽvation tonique d'un membre supŽrieur en abduction suivie d'une dŽviation de la tte et des yeux du mme c™tŽ avec vocalisation puis arrt de la parole.

4     Le cortex moteur : crises partielles motrices simples comportant Žventuellement une marche jacksonienne.

iv) ƒpilepsies pariŽtales

Elles sÕexpriment selon la localisation parfois par des crises avec des sympt™mes ŽlŽmentaires (sensitifs, parfois douloureux) ou plus complexes (vertiges) giration du corps. Les crises partielles simples sensitives pouvant tre secondairement gŽnŽralisŽes

v) ƒpilepsies occipitales

Les crises partielles simples et secondairement gŽnŽralisŽes comportent des manifestations visuelles ŽlŽmentaires en nŽgatif (hŽmianopsie amaurose) et/ou en positif (flashs clignotants colorŽs dans un hŽmichamp et souvent mobiles).

4.2.2. Les syndromes Žpileptiques partiels

i) Epilepsies partielles idiopathiques

Elles concernent uniquement l'enfant (Žpilepsies ˆ paroxysmes rolandiques, ou EPR). Les crises sont liŽes au sommeil et sont typiquement de type chŽiro-oral avec clonies faciales, salivation et impossibilitŽ de parler. Les crises peuvent tre secondairement gŽnŽralisŽes conservant un horaire nocturne. Le traitement antiŽpileptique nÕest pas systŽmatique et dŽpend de chaque situation et la guŽrison Ç spontanŽe È est constante autour de lՉge de 15 ans. Certaines formes sont associŽes ˆ des troubles cognitifs.

ii) Epilepsies partielles symptomatiques

Les Žtiologies des Žpilepsies partielles symptomatiques sont multiples : traumatisme, tumeur, infection, accidents vasculaires cŽrŽbraux, malformations corticales, malformations vasculaires

Toutes les lŽsions cŽrŽbrales sont susceptibles dÕentra”ner des crises dՎpilepsie mais ˆ des degrŽs divers. Les Žtiologies varient en fonction de lՉge :

4     Les accidents pŽrinataux (anoxo-ischŽmie, infection, traumatisme, hŽmatome) sont fortement pourvoyeurs de crises dՎpilepsies.

4     Les phacomatoses et troubles innŽs du mŽtabolisme sÕexpriment prŽfŽrentiellement dans la petite enfance.

4     Les lŽsions de type malformations vasculaires (cavernomes, angiome), malformations corticales (dysplasies, troubles de la giration, hŽtŽrotopies), sclŽrose de lÕhippocampe.

4     Les sŽquelles post-traumatiques

4     Les lŽsions tumorales, vasculaires et dŽgŽnŽratives (comme dans les dŽmences) augmentent avec lՉge.

Les tumeurs

Toutes les tumeurs possdent un potentiel Žpileptogne quÕelles soient bŽnignes (mŽningiome) ou malignes (gliome, astrocytome, mŽtastases). Les plus Žpileptognes sont celles qui ont le moins de caractre Žvolutif (les tumeurs gliales de bas grade sont plus Žpileptognes que les glioblastomes et les mŽtastases)

LՎpilepsie est assez souvent le mode de rŽvŽlation de la tumeur. Chez lÕadulte, on estime que les tumeurs reprŽsentent 15 % des Žtiologies dՎpilepsies.

La sclŽrose hippocampique

La sclŽrose hippocampique a ŽtŽ dŽcrite lors dՎtudes post-mortem chez des patients Žpileptiques une dŽperdition neuronale affectant spŽcifiquement certains champs hippocampiques. Sommer a par la suite Žtabli une relation entre lÕexistence de cette lŽsion hippocampique et les crises. LÕaspect IRM est celui ˆ la fois dÕune diminution du volume hippocampique reflet de lÕatrophie et dÕune modification du signal hippocampique en sŽquence pondŽrŽe T2 et FLAIR. LÕatrophie hippocampique est la consŽquence morphologique de la sclŽrose hippocampique et donc de la dŽperdition neuronale.

Des Žtudes IRM ont montrŽ que la sclŽrose hippocampique est un processus dynamique Žvoluant par paliers. Elle peut tre constituŽe ds la naissance, ou ˆ partir dÕun phŽnomne dont on ignore encore lÕorigine (convulsions fŽbriles prolongŽes, traumatisme pŽri- ou nŽonatal, malformation hippocampique sous-jacente). Au fil des annŽes et de la rŽpŽtition des crises, la sclŽrose de lÕhippocampe va sÕaggraver, constituant alors un foyer Žpileptogne autonomisŽ concourant ˆ la rŽcurrence des crises. Cette rŽpŽtition des crises engendre ˆ son tour une aggravation de la mort cellulaire et donc de la sclŽrose hippocampique.

Les anomalies du dŽveloppement cortical

Les anomalies du dŽveloppement cortical sont une Žtiologie frŽquente dՎpilepsie. Chez le jeune enfant dans la tranche dՉge 0-4 ans, cÕest mme lՎtiologie la plus frŽquente avec une incidence proche de 5-6 %. Cliniquement, elles sÕassocient souvent ˆ des tableaux dՎpilepsie sŽvre, pharmacorŽsistante.

Les malformations vasculaires-maladies cŽrŽbrovasculaires

LՎpilepsie post-vasculaire est lՎtiologie la plus frŽquente dՎpilepsie chez la personne ‰gŽe. Par dŽfinition, les crises de lՎpilepsie post-vasculaire surviennent dans les suites dÕun AVC constituŽ dans un dŽlai pouvant aller jusquՈ 2 ans. Parmi les malformations vasculaires, les malformations artŽrioveineuses et les cavernomes sont rŽputŽs comme Žpileptognes.

Les traumatismes cr‰niens

LՎpilepsie post-traumatique survient dans un dŽlai variable aprs le traumatisme cr‰nien, en rgle gŽnŽrale dans les 2 ans qui suivent ce traumatisme.

Pour pouvoir tre incriminŽ, le traumatisme cr‰nien doit avoir ŽtŽ sŽvre et avoir entra”nŽ une lŽsion Žpileptogne cŽrŽbrale se traduisant par un coma et/ou un dŽficit neurologique contemporain du traumatisme et/ou une cicatrice visible sur les examens radiologiques.

Les maladies infectieuses et mŽtaboliques

Chez le petit enfant, la plupart des infections peuvent provoquer via la fivre un tableau de convulsions fŽbriles. Toutes les infections du systme nerveux central (mŽningite, encŽphalite, abcs) peuvent tre pourvoyeuses de crises, quel que soit lՉge de la vie.

LÕinfection par le VIH est une cause de crises, soit en relation directe avec le tropisme du virus VIH pour le cerveau (encŽphalite VIH), soit par le biais dÕune infection opportuniste concomitante liŽe ˆ lÕimmunodŽpression.

DiffŽrentes maladies mŽtaboliques peuvent se rencontrer dans les Žpilepsies symptomatiques avec un ‰ge de rŽvŽlation le plus souvent prŽcoce.

 

4.2.3. A part, Le syndrome de Kojewnikoff

Le syndrome de Kojewnikoff se caractŽrise par un tableau dՎpilepsie partielle continue avec des crises motrices trs frŽquentes intriquŽes avec des phŽnomnes myocloniques quasi permanents dans le mme territoire, le tout trs rebelle aux mŽdicaments antiŽpileptiques. Deux Žtiologies sont retenues :

4     LÕexistence dÕune lŽsion de la rŽgion centrale quelle quÕen soit la nature (AVC, tumeur, dysplasie....)

4     LÕencŽphalite de Rasmussen : encŽphalite chronique dont le substrat est mal connu (maladie auto-immune ? dŽclenchement infectieux ?) qui se voit essentiellement chez lÕenfant et se caractŽrise par un tableau dՎpilepsie partielle motrice continue avec constitution et aggravation progressive dÕune hŽmiparŽsie, un dŽficit cognitif et des images IRM Žvocatrices.

5.   Diagnostic diffŽrentiel

5.1. Les syncopes

Le diagnostic diffŽrentiel le plus commun est celui des syncopes, cadre gŽnŽrique hŽtŽrogne qui regroupe toutes les altŽrations rapides et transitoires de la vigilance accompagnŽes dÕune perte du tonus musculaire, dont le mŽcanisme est cardiovasculaire.

5.2. Les accidents ischŽmiques transitoires

Le dŽficit appara”t dÕemblŽe.

Des mouvements anormaux dÕun membre ressemblant ˆ des myoclonies Žpileptiques (mouvements irrŽguliers, plus ou moins rythmiques, dÕamplitude variable) peuvent survenir exceptionnellement dans un contexte de stŽnose prŽ occlusive ou dÕocclusion de la carotide controlatŽrale, ˆ lÕoccasion des changements posturaux.

5.3. Les manifestations nocturnes

Mouvements anormaux, myoclonies du sommeil, parasomnies.

5.4. LÕictus amnŽsique (IA)

Il se caractŽrise par un trouble isolŽ de la mŽmoire de dŽbut brutal, avec prŽservation des capacitŽs gnosiques, praxiques ou intellectuelles et un comportement adaptŽ. DÕune durŽe toujours infŽrieure ˆ 24 heures, lÕIA laisse une lacune mnŽsique dÕune durŽe moyenne de 4 ˆ 6 heures.

Le diagnostic rŽtrospectif est impossible en lÕabsence de tŽmoin.

LÕinterrogatoire dÕun tŽmoin confirme lÕatteinte pure et isolŽe de la mŽmoire Žpisodique : le patient pose sans cesse les mmes questions, oublie les rŽponses, est dŽsorientŽ dans le temps mais non dans lÕespace, poursuit normalement les activitŽs dans lesquelles il est engagŽ.

5.5. Les migraines :

Le diagnostic diffŽrentiel peut tre difficile surtout chez lÕenfant.

6.   Bilan complŽmentaire

6.1. ƒlectroencŽphalogramme

La crise Žpileptique est un ŽvŽnement qui justifie la pratique systŽmatique dÕun EEG standard, qui est pratiquement toujours rŽalisŽ ˆ distance de la crise (sauf en cas dՎtat de mal non convulsivant). Sa Ç sensibilitŽ È est de

4     100% pour les absences,

4     70% chez lÕenfant,

4     30% chez lÕadulte.

Chez lÕenfant un enregistrement de sommeil doit habituellement complŽter un enregistrement de veille.

LÕEEG-vidŽo est bien souvent essentiel dans le diagnostic syndromique prŽcis chez lÕenfant afin de fixer un pronostic et guider le choix thŽrapeutique. Il permet de prŽciser le type de(s) crise(s) et dՎtablir un diagnostic syndromique. Cet examen est utile chez lÕadulte sÕil est nŽcessaire de prŽciser le point de dŽpart anatomique des crises (premire Žtape indispensable dans le bilan prŽopŽratoire en cas de chirurgie de lՎpilepsie). Il peut tre utile pour un diagnostic diffŽrentiel. Il faut dans tous les cas, que le sujet fasse assez de crises pour quÕelles puissent tre enregistrŽes (la durŽe des EEG-vidŽo dŽpend dÕune technique ˆ lÕautre). LÕEEG holter ambulatoire nÕest pas un examen trs utile dans le diagnostic et la prise en charge des Žpilepsies (sauf pour analyser le sommeil chez lÕenfant ˆ la recherche dÕun syndrome de pointes-ondes continues du sommeil ou POCS). LÕEEG de sommeil (ou de sieste) ou juste aprs un rŽveil aprs privation de sommeil peut tre utile chez lÕadulte dans certains cas trs ciblŽs.

6.2. LÕimagerie mŽdicale

La mise en Žvidence dÕune lŽsion structurelle de lÕencŽphale repose sur lÕIRM. Le scanner cŽrŽbral, plus accessible, peut suffire au bilan diagnostique dans certaines situations cliniques et est habituellement suffisant dans le cadre de lÕurgence en attendant dÕavoir lÕIRM. LÕimagerie cŽrŽbrale nÕest pas toujours nŽcessaire, par exemple, elle est inutile dans le cadre dÕune Žpilepsie-absences bien documentŽe par lÕEEG.

7.   Situations cliniques

7.1. Crises symptomatiques aigu‘s

Elles surviennent de faon concomitante ˆ :

4     Une agression cŽrŽbrale aigu‘ directe (traumatisme cr‰nien, infection du systme nerveux, accident vasculaire cŽrŽbral [AVC] ...)

4     Indirecte (toxique, mŽtabolique, sevrage alcoolique ou mŽdicamenteux).

Elles peuvent se prŽsenter sous la forme dÕun Žtat de mal

7.3. Les crises symptomatiques

a) Aigu‘s de cause vasculaire

Environ 5 % des AVC ont une crise Žpileptique dans les premires heures ou de faon contemporaine ˆ lÕinstallation de lÕAVC.

 

b) Aigu‘s de cause toxique

Elles doivent tre systŽmatiquement ŽvoquŽes quand elles surviennent aprs lÕintroduction dÕune nouvelle substance mŽdicamenteuse, surtout dans un contexte dÕintoxication volontaire ou de polymŽdication compte tenu de lÕeffet dŽlŽtre des interactions mŽdicamenteuses. Les classes thŽrapeutiques principalement concernŽes sont

4     les psychotropes (la clozapine, les antidŽpresseurs tricycliques),

4     les neuroleptiques et le lithium +++,

4     des antibiotiques (pŽnicilline par voie IV ˆ hautes doses)

4     les antiasthmatiques (thŽophylline IV),

4     les hypoglycŽmiants, et mŽdicaments favorisant les hyponatrŽmies

4     la cyclosporine ˆ dose toxique,

Le risque de crise Ç dÕorigine toxique È est majorŽ par lÕexistence dÕune Žpilepsie, dÕun surdosage, dÕun trouble du mŽtabolisme (insuffisance rŽnale ou hŽpatique), et par lÕexistence de lŽsions cŽrŽbrales ou dÕune maladie grave en cours dՎvolution (sepsis, cancer, sŽjour en rŽanimation).

LÕalcool

Il est Žpileptogne par plusieurs mŽcanismes diffŽrents :

4     la prise chronique de doses excessives, qui accro”t le risque de crises avec une incidence cumulative ˆ lՉge de 80 ans de 4,5 % chez les gros buveurs,

4     un risque accru de complications traumatiques, toxiques, mŽtaboliques et infectieuses

4     des crises lors du sevrage.

Le sevrage en benzodiazŽpines prises de manire chronique+++++

CÕest Žgalement un facteur de risque chez le sujet ‰gŽ, surtout dՎtat de mal non convulsivant.

Crises symptomatiques aigu‘s de cause mŽtabolique

Les dŽsordres mŽtaboliques potentiellement Žpileptognes sont :

4     Les troubles hydroŽlectrolytiques (hyponatrŽmie < 125 mEq/L) ˆ cause la plus frŽquente),

4     lÕinsuffisance rŽnale sŽvre, les complications de la dialyse

4     les troubles endocriniens

o      Le syndrome de sŽcrŽtion inappropriŽe dÕhormone antidiurŽtique [SIADH],

o      Hyper- et hypothyro•die, Hyper- et hypoparathyro•die,

o      HypoglycŽmie (tout diabŽtique traitŽ qui fait une crise convulsive fait ˆ priori une hypoglycŽmie++++), HyperglycŽmie sans cŽtose,

c) Autres causes

La survenue dÕune crise dans les premires heures qui suit un traumatisme cr‰nien, une infection gŽnŽrale ou du systme nerveux central peut correspondre ˆ un ŽvŽnement symptomatique sans lendemain.

Souvent, plusieurs causes symptomatiques sont associŽes chez un mme patient.

La survenue dÕune crise chez un sujet dŽment peut tre provoquŽe par un trouble toxique et mŽtabolique et mŽrite dՐtre classŽe dans le cadre des crises symptomatiques quand la suppression du facteur favorisant nÕest suivie dÕaucune rŽcidive des crises.

 

7.4. ƒtat de mal Žpileptique

Les Žtats de mal Žpileptiques correspondent ˆ la rŽpŽtition rapprochŽe de crises dԎpilepsie sans retour ˆ un examen neurologique normal entre les crises ou ˆ une crise prolongŽe. On distingue les Žtats de mal convulsifs (EMC) qui mettent en jeu le pronostic vital et nŽcessitent une prise en charge urgente en rŽanimation et les Žtats de mal non convulsifs (EMNC) qui posent principalement un problme de diagnostic positif (diagnostic des Žtats confusionnels, tableau pseudo-psychiatriques aigus++++). Le diagnostic ne peut se faire que par lÕEEG rŽalisŽ en urgence.

8.   Prise en charge des Žpilepsies

La premire Žtape consiste ˆ expliquer, ˆ rassurer, ˆ dŽtailler les mesures de sŽcuritŽ (prŽfŽrer les douches aux bains), ˆ Žvaluer les effets potentiellement dŽlŽtres dÕune rŽcidive des crises sur lÕautonomie du patient. Il convient notamment de discuter clairement des situations de la vie quotidienne : dŽplacements, conduite automobile. La dŽcision de prescrire un traitement antiŽpileptique doit se discuter au cas par cas. Elle dŽpend de quatre paramtres :

4     LՎvaluation de lՎpilepsie, lՉge, le sexe

4     Les problmes dÕinteractions mŽdicamenteuses possibles,

4     Les comorbiditŽs associŽes ˆ lՎpilepsie,

4     LՎvaluation prŽdictive de lÕobservance qui prŽsuppose une adhŽsion du patient au principe dÕun traitement

4     Le contexte psycho-social

9.   Les mŽdicaments

9.1 Les principales molŽcules

9.1.1. Quatre molŽcules Ç de premire gŽnŽration È

Elles sont toujours considŽrŽes comme des mŽdicaments antiŽpileptiques majeurs, du fait de leur efficacitŽ, de leur large spectre dÕactivitŽ et de leur large diffusion

Les deux plus anciens, le phŽnobarbital et la phŽnyto•ne qui ont tendance ˆ tre progressivement supplantŽs par la carbamazŽpine, le valproate.

 

9.1.2. Les nouveaux venus : les antiŽpileptiques de Ç deuxime È et Ç troisimeÈ gŽnŽration È

Plusieurs antiŽpileptiques ont ŽtŽ commercialisŽs en France depuis une quinzaine dÕannŽes : la lamotrigine (Lamictalª), le topiramate (Epitomaxª), lÕoxcarbazŽpine (Trileptalª), le levetiracetam (Keppraª), la gabapentine (Neurontinª), le prebagalin (LyricaTM), le vigabatrin (Sabrilª), le felbamate (Taloxaª), la tiagabine (Gabitrilª), la fosphŽnyto•ne (Prodilantinª). Ces nouvelles molŽcules ont des indications spŽcifiques Žtablies pour certaines dÕentre elles.

9.1.3. Les cas particuliers

En raison de limitations pharmacologiques ˆ leur utilisation chronique, les benzodiazŽpines telles que le diazŽpam, le clonazŽpam (Rivotrilª) et le clobazam (Urbanylª) ont des indications restreintes en dehors de leur r™le dÕantiŽpileptique dÕurgence.

LÕՎthosuximide (Zarontinª), a un spectre dÕactivitŽ Žtroit mais est trs actif dans lՎpilepsie-absences.

9.2 MŽcanismes dÕaction des antiŽpileptiques

Les mŽcanismes dÕaction principaux sont les suivants :

4     Un effet stabilisateur de membrane

o      Les bloqueurs de canaux sodiques [voltage (maxi sur neurones dŽpolarisŽs), activitŽ et temps dŽpendant] : la carbamazŽpine, la phŽnyto•ne, le valproate, lÕoxcarbamazŽpine, le topiramate, la lamotrigine, le felbamate, 

o      Les anticalciques : lÕethosuximide, le phŽnobarbital et la phŽnyto•ne,

o      Les bloqueurs des canaux potassiques : la carbamazŽpine et lÕoxcarbamazŽpine.

4     Une augmentation de lÕaction inhibitrice du GABA, par :

o      Un agoniste du rŽcepteur ionophore-chlore GABA-A BZD, phŽnobarbital, topiramate,

o      Une inhibition de la dŽgradation : vigabatrin,

o      Une inhibition de la recapture synaptique du GABA : tiagabine.

4     Une attŽnuation de lÕexcitation glutaminergique, par diffŽrents mŽcanismes :

o      Une inhibition de la libŽration dÕacides aminŽs excitateurs, glutamate et aspartate : lamotrigine

o      Un blocage du rŽcepteur N-mŽthyl-D-aspartate (NMDA) : felbamate

o      Un blocage des rŽcepteurs au glutamate de type ka•nate/AMPA : topiramate.

9.3. Problmes pharmacocinŽtiques et pharmacodynamiques chez le sujet ‰gŽ

Les concentrations dÕalbumine sŽrique sont diminuŽes chez le sujet ‰gŽ, augmentant la fraction libre des mŽdicaments fixŽs aux protŽines (phŽnyto•ne, valproate) et le volume de distribution du principe actif peuvent tre considŽrablement modifiŽ par rapport aux sujets jeunes.

La dose des mŽdicaments ˆ Žlimination rŽnale (gabapentine, levetiracetam) doit tre ajustŽe en fonction des capacitŽs de filtration.

Le mŽtabolisme hŽpatique est modifiŽ avec lՉge, les pathologies associŽes et les co-mŽdications et lÕeffet des traitements associŽs sur le mŽtabolisme de lÕantiŽpileptique tout comme lÕeffet de lÕantiŽpileptique sur le mŽtabolisme des traitements associŽs (par exemple, anticoagulants oraux) doivent tre soigneusement anticipŽs.

La phŽnyto•ne, le phŽnobarbital, la carbamazŽpine sont de puissants inducteurs enzymatiques qui augmentent la vitesse du mŽtabolisme hŽpatique.

Le choix dÕun antiŽpileptique doit tenir compte de lÕaggravation possible dÕune pathologie associŽe :

4     le phŽnobarbital et la phŽnyto•ne aggravent lÕostŽoporose et lÕostŽomalacie et augmentent le risque de fractures traumatiques.

10.                Conduite ˆ tenir

10.1 Faut-il traiter ?

Le traitement ne doit tre dŽbutŽ que lorsque les crises sont certaines et que lՎpilepsie est suffisamment documentŽe. La mise en route dÕun traitement antiŽpileptique dit Ç de couverture È ne se justifie que dans certains cas comme dans les suites immŽdiates de certaines interventions neurochirurgicales.

Une premire crise ?

SÕil y a une (ou des) crise(s) antŽrieure(s) Žventuellement non diagnostiquŽes, le risque de rŽcidive est trs important : dans ce cas un traitement sÕimpose.

Devant une Ç vraie È premire crise dՎpilepsie, la mise en route dÕun traitement antiŽpileptique nÕest jamais systŽmatique.

LÕindication doit tre discutŽe, au cas par cas, selon lՉge, le caractre provoquŽe ou non de la crise, lÕenqute Žtiologique rŽalisŽe dont lÕidentification dÕun syndrome Žpileptique (interrogatoire, Žtude des ATCDS personnels et familiaux, examen clinique, EEG, imagerie)

Une crise est dite provoquŽe lorsquÕelle celle-ci est en rapport avec une Ç situation Žpileptogne È ponctuelle qui peut tre corrigŽe. Dans ce cas un traitement antiŽpileptique nÕest pas justifiŽ.

On peut aussi ne pas donner de traitement dans certains cas, comme au cours des Žpilepsies partielles idiopathiques de lÕenfant, ou en cas dÕune non compliance probable et chez les Žthyliques (un traitement par benzodiazŽpine de faon temporaire est conseillŽ en mme temps quÕune tentative prise en charge du sevrage de lՎthylisme...)

LÕexistence dÕanomalies ˆ type de pointes-ondes est corrŽlŽe avec un risque plus ŽlevŽ de rŽcidive que lorsque lÕEEG est normal.

Les cas les plus difficiles sÕobservent chez un sujet dՉge mžr ayant un travail et conduisant sa voiture qui fait une premire crise Ç non provoquŽe È avec une enqute Žtiologique nŽgative (EEG et IRM normaux). La normalitŽ de lÕEEG ne signifie pas que le patient est ˆ lÕabri dÕune rŽcidive. La dŽcision de traitement dans ce cas se fait au cas par cas.

10.2 Comment dŽbuter le traitement ?

Le traitement dŽbutera toujours par une monothŽrapie. Le choix de cette monothŽrapie initiale dŽpend du type de lՎpilepsie, du profil dÕactivitŽ de la molŽcule, de lՉge, du sexe et du contexte socio-Žconomique. Une Žpilepsie peut tre aggravŽe par un traitement inappropriŽ (un traitement dont le spectre dÕefficacitŽ est ciblŽ surtout sur les Žpilepsies partielles, comme la carbamazŽpine, peut aggraver les myoclonies et les absences)

10.3 Quelle monothŽrapie de premire intention choisir ?

10.3.1 En cas de crise gŽnŽralisŽe

Dans les Žpilepsies gŽnŽralisŽes, et tout particulirement dans les Žpilepsies gŽnŽralisŽes idiopathiques, le traitement de choix est le valproate, actif ˆ la fois sur les absences, les myoclonies, les crises gŽnŽralisŽes tonicocloniques et la photosensibilitŽ. Une alternative est dŽsormais la lamotrigine, qui ne prŽsente pas dÕeffet orexigne, non inducteur enzymatique comme le valproate, ne provoque pas habituellement de tremblement mais qui demande des prŽcautions dÕutilisation (instauration progressive en raison des risques dÕallergie cutanŽe grave) et peut ne pas tre aussi efficace que le valproate dans chaque type de crise gŽnŽralisŽe. Le lŽvŽtiracetam est une autre alternative utile du fait de sa facilitŽ dÕemploi et de lÕabsence dÕinteractions mŽdicamenteuses cliniquement significatives.

Chez les femmes qui dŽsirent un enfant la lamotrigine sera prŽfŽrŽe aux autres traitements du fait de lÕapparente sŽcuritŽ dÕemploi durant la grossesse.

Le Zarontinª nÕest actif que sur les absences.

10.3.2. En cas dՎpilepsies partielles symptomatiques ou cryptogŽniques,

Le traitement de premire intention est reprŽsentŽ par la carbamazŽpine, lÕoxcarbazŽpine ou la lamotrigine, la gabapentine, le levetiracetam et le valproate lorsquÕon veut Žviter les inconvŽnients dÕune activitŽ inductrice enzymatique.

Le choix dŽpend de lՉge, de la co-mŽdication. Rappelons le risque dÕhyponatrŽmie avec Žtat confusionnel sous oxcarbazŽpine majorŽ par la prise concomitante de mŽdicaments susceptibles dÕentrainer une ÕhyponatrŽmie (diurŽtiques). Chez lÕenfant le traitement de premire intention est souvent le valproate (pas de potentiel aggravant).

10.4 En cas dՎchec de la premire monothŽrapie ?

Essayer une deuxime monothŽrapie alternative

En cas dՎchec recourir ˆ des associations. Il faut dans ce cas se mŽfier des interactions et certaines doivent tre ŽvitŽes ou utilisŽes avec prŽcautions :

Lorsque plusieurs associations ont ŽtŽ tentŽes sans succs on parle dՎpilepsie pharmacorŽsistante. Dans ce cas il faut se poser assez prŽcocement la question dÕune chirurgie de lՎpilepsie ou de techniques alternatives (stimulation vagale). Les critres de sŽlection sont toutefois sŽvres et apprŽciŽs par les Žpileptologues.

10.5 Surveillance du traitement

La surveillance du traitement est clinique (effet thŽrapeutique bonne tolŽrance du mŽdicament). Les dosages plasmatiques nÕont aucun intŽrt ˆ titre systŽmatique. Ils sont utiles dans quelques cas ciblŽs (prise de sang Ç surprise È chez un patient suspect de ne pas prendre son traitement, gestions dÕinteractions en cas de polythŽrapie surtout sÕil y a de la phŽnyto•ne, vŽrification avant dÕaugmenter la dose en cas dÕinefficacitŽ).

La surveillance biologique (NFS plaquettes, transaminases, natrŽmie) est utile en dŽbut du traitement les premires semaines mais devient inutile ultŽrieurement ˆ titre systŽmatique sans point dÕappel clinique.

LÕEEG de surveillance nÕa de sens que chez lÕenfant ou avant lÕarrt Žventuel du traitement mais pas ˆ titre systŽmatique si le patient va bien et quÕil nÕest pas prŽvu de modification thŽrapeutique.

Refaire un EEG au dŽcours dÕune nime nouvelle crise nÕa pas de sens si le diagnostic dՎpilepsie est bien Žtabli.

10.6 Arrt du traitement

Aprs un dŽlai de 2 ˆ 5 annŽes sans crises, une rŽduction puis un arrt complet du traitement peuvent tre envisagŽs.

LÕarrt du traitement est, en gŽnŽral, plus aisŽ dans les situations suivantes :

4     Žpilepsie ne comportant quÕun seul type de crise,

4     crises de type gŽnŽralisŽ,

4     crises contr™lŽes facilement par une monothŽrapie initiale,

4     examen neurologique, examens neuroradiologiques et EEG intercritique normaux.

Certains syndromes Žpileptiques se prtent mal ˆ un arrt du traitement, comme par exemple :

4     Žpilepsie myoclonique juvŽnile,

4     Žpilepsies partielles dont lՎquilibration a ŽtŽ difficile,

4     Žpilepsies associŽes ˆ des lŽsions structurelles du systme nerveux.

La dŽcroissance de la posologie doit tre trs progressive sur 6 ˆ 12 mois. Durant cette pŽriode un arrt de la conduite automobile durant 6 mois est obligatoire. Une surveillance EEG rŽgulire peut permettre dՎviter une rŽcidive en cas de rŽapparition dÕanomalies ˆ type de pointes-ondes. DÕune manire gŽnŽrale, les rŽcidives surviennent Žlectivement pendant la premire annŽe et concernent environ la moitiŽ des adultes et le quart des enfants (donnŽes statistiques gŽnŽrales en fait discutables).

10.7 Cas particuliers

10.7.1. La femme enceinte

Dans 25 % des cas une aggravation est observŽe dont les causes peuvent tre multiples : sous-dosage, mauvaise compliance et/ou interactions mŽdicamenteuses. Le risque de malformation fÏtale est 2 ˆ 3 fois supŽrieur ˆ celui de la population gŽnŽrale. Les grossesses doivent donc tre surveillŽes (grossesse dite Ç ˆ risque È).

La majoritŽ des antiŽpileptiques sont tŽratognes. Ceci implique :

4     Une planification de la grossesse pour permettre une adaptation du traitement avant la grossesse. le traitement sera le plus simple possible, le valproate de sodium est ˆ Žviter sauf en cas dÕimpŽratif Žpileptologique. La lamotrigine et les benzodiazŽpines apparaissent avoir la meilleure sŽcuritŽ dÕemploi. Ne pas nŽgliger le risque de mener une grossesse sans traitement comme certaines femmes le dŽsirent. En, effet, le risque des crises (pour la future mre et/ou lÕenfant) est bien souvent supŽrieur ˆ celui de lÕeffet Žventuel du traitement sur lÕenfant.

4     des Žchographies morphologiques, ˆ des dates bien codifiŽes, ˆ la recherche de malformation ou dÕanomalies du dŽveloppement,

4     Une surveillance de lՎpilepsie.

4     Noter que le dosage de lamotrigine baisse durant la grossesse avec possibles consŽquences cliniquement significatives.

Des prŽcautions lors de lÕaccouchement et en nŽonatalogie se justifient. LÕallaitement sera parfois possible et de toutes faons sur une durŽe courte, mais rarement recommandŽ surtout en cas de polythŽrapie.

10.7.2. Les sujets ‰gŽs

LՎpilepsie est frŽquente. Les mŽdicaments les mieux tolŽrŽs, non sŽdatifs avec une pharmacocinŽtique simple, doivent tre privilŽgiŽs, comme la lamotrigine, la gabapentine le levetiracetam. Il faut tenir compte des interactions mŽdicamenteuses, des comorbiditŽs, des modifications de mŽtabolisation et dՎlimination des mŽdicaments liŽes ˆ lՉge. Les posologies sont donc rŽduites par rapport ˆ ce quÕon donne aux sujets plus jeunes.

10.8 ConsŽquences pour la conduite automobile

10.8.1. Les Ç messages È

Avertir les patients des dangers de la conduite automobile aussi bien pour lui-mme que pour les autres. Il faut dŽconseiller de conduire aprs :

4     Le diagnostic dÕune Žpilepsie avŽrŽe (plusieurs crises) pendant un an,

4     1re crise provoquŽe pendant 3 mois,

4     1re crise non provoquŽe pendant 6 mois ˆ 1 an (donnŽes indicatives sans valeurs officielles et ˆ adapter selon le contexte)

10.8.2. La procŽdure

La dŽclaration est obligatoire. Cacher sa maladie aux autoritŽs engage la responsabilitŽ du patient, ce dÕautant que la conduite est liŽe ˆ une activitŽ professionnelle. Il est souhaitable de le dire au patient devant tŽmoin et de le notifier de faon Žcrite (dossier du malade).

La validitŽ du permis de conduire dŽpend uniquement de lÕavis de la commission mŽdicale primaire du dŽpartement de son domicile.

Il est donc recommandŽ, chaque fois que possible, de demander au patient de se prŽsenter spontanŽment ˆ cette commission muni dÕun dossier descriptif de sa situation et de lÕavis du neurologue traitant.

En ce qui concerne le permis du groupe lourd - permis C, D, E(C), E(D) il existe ˆ priori une contre-indication absolue. Cette interdiction peut toutefois tre levŽe dans des cas trs particuliers et aprs lÕavis supplŽmentaire dÕun neurologue agrŽe. Sont assimilŽs Žgalement au permis du groupe lourd, les conducteurs de taxi, de voiture de remise, dÕambulance, de vŽhicule affectŽ ˆ des opŽrations de ramassage scolaire et de vŽhicule affectŽ aux transports publics de personnes.

11.                Sources

Deux sites Internet ˆ consulter.

4     http://www.epilepsie-france.fr/

4     http://www.fondation-epilepsie.fr/

Appendice # 1

 

Classification internationale des Žpilepsies et syndromes Žpileptiques (1989)

ƒpilepsies et syndromes Žpileptiques focaux

Idiopathiques, liŽs ˆ lՉge

4      ƒpilepsie bŽnigne de lÕenfance ˆ paroxysmes rolandiques

4      ƒpilepsie bŽnigne de lÕenfance ˆ paroxysmes occipitaux

4      ƒpilepsie primaire de la lecture

Symptomatiques

4      Syndrome de Kojewnikoff (Žpilepsie partielle continue)

4      ƒpilepsies lobaires (temporales, frontales, pariŽtales, occipitales)

4      ƒpilepsies partielles avec mode spŽcifique de dŽclenchement

CryptogŽniques

ƒpilepsies et syndromes Žpileptiques gŽnŽralisŽs

Idiopathiques, liŽs ˆ lՉge :

4      Convulsions nŽonatales familiales bŽnignes

4      Convulsions nŽonatales bŽnignes

4      ƒpilepsie myoclonique bŽnigne du nourrisson

4      ƒpilepsie-absence de lÕenfance

4      ƒpilepsie-absence de lÕadolescence

4      ƒpilepsie myoclonique juvŽnile

4      ƒpilepsie ˆ crises grand mal du rŽveil

4      ƒpilepsies autres (modalitŽs spŽcifiques de dŽclenchement...)

CryptogŽniques ou symptomatiques

4      Syndrome de West

4      Syndrome de Lennox-Gastaut

4      ƒpilepsie avec crises myoclonoastatiques (syndrome de Doose)

4      ƒpilepsie avec absences myocloniques

Symptomatiques

4      Sans Žtiologie spŽcifique

4      EncŽphalopathie myoclonique prŽcoce

4      EncŽphalopathie infantile prŽcoce avec suppression-bursts (syndrome dÕOhtahara)

4      ƒtiologie spŽcifique

4      ƒpilepsies myocloniques progressives

4      Divers

ƒpilepsies dont le caractre focal ou gŽnŽralisŽ nÕest pas dŽterminŽ

Syndromes spŽciaux

Crises situationnelles

Crise isolŽe, Žtat de mal isolŽ

 


 

Causes possibles des crises cŽrŽbrales non Žpileptiques

Syncopes

4      Vasovagales, rŽflexes (toux, miction nocturne)

4      DÕorigine cardiaque : troubles du rythme et de conduction

4      Orthostatiques : hypotension orthostatique, dysautonomie, neuropathie vŽgŽtative

Mouvements anormaux

4      Tremblements

4      Dystonies, chorŽe

4      DyskinŽsies

Myoclonies non Žpileptiques

4      DÕendormissement

4      Toxiques et mŽtaboliques

4      Syncope convulsivante

Accidents vasculaires cŽrŽbraux

Migraines (difficultŽs chez lÕenfant)

Troubles du sommeil

4      Mouvements pŽriodiques du sommeil

4      Parasomnies

Toxiques et mŽtaboliques

4      Syndrome carcino•de, phŽochromocytome

4      Hallucinose pŽdonculaire

4      DyskinŽsies des neuroleptiques

Troubles psychiatriques

4      Crises psychognes, simulŽes

Divers

4      Ictus amnŽsique

 


Appendice # 2

DiffŽrents types de CPS et leur localisation topographique prŽsumŽe.

Type

SŽmiologie

Topographie prŽsumŽe

Motrices

Crises motrices focales : contraction tonique suivie de clonies et/ou clonies dÕemblŽe, affectant soit dÕemblŽe tout un segment hŽmicorporel, soit sՎtendant de proche en proche (crises bravais jacksoniennes [BJ])

Cortex moteur primaire avec une propagation somatotopique de la dŽcharge le long de lÕhomoncule de Penfield en cas de crises BJ

Crises versives (rarement dans les CPS) : dŽviation conjuguŽe des yeux et/ou de la tte et/ou du tronc

Evoquer cortex frontal ou occipital si dÕemblŽe

Crises toniques (rarement dans les CPS) : prise de posture anormale dÕun hŽmicorps ou dÕun segment de membre

Cortex pariŽtal ou frontal si dÕemblŽe

Crises phonatoires :

a) aphasiques

b) anarthriques

c) aphŽmiques

d) palilaliques

 

a) Aire de Broca ou aire de Wernicke

b) Pied de F3

c) AMS

d) Cortex frontal

Sensitives

ParesthŽsies ou sensation de dŽcharge Žlectrique ou douleur affectant soit dÕemblŽe tout un segment hŽmicorporel, soit sՎtendant de proche en proche (crises ˆ marche bravais-jacksonienne)

Cortex post-central

 

Cortex insulaire ou operculaire si localisation laryngŽe/pharyngŽe

Sensitivomotrices

Sensorielles

Succession de signes moteurs et sensitifs ŽlŽmentaires

Visuelles

1 - Hallucinations ŽlŽmentaires (points lumineux, Žtoiles, plus ou moins colorŽs ou en mouvement, scotome scintillant...) latŽralisŽes dans un hŽmichamp

2 - Manifestations hallucinatoires complexes (scnes, personnages...)

3 - Illusions (macropsie, micropsie, diplopie...)

Auditives

4 - Illusions ou hallucinations ŽlŽmentaires (bruits, bourdonnements, brouhaha...)

Olfactives

5 - Hallucinations olfactives simples (odeurs agrŽables ou dŽsagrŽables)

Gustatives

6 - Hallucinations gustatives simples (gožts agrŽables ou dŽsagrŽables)

Vertigineuses

7 - Vertige vŽritable ou pseudo-vertige

 

Visuelles

1 - Cortex occipital controlatŽral (aires 17-18)

 

 

2- Cortex temporal ou carrefour postŽrieur

 

3 - Cortex temporal ou carrefour postŽrieur

 

4 - Cortex temporal latŽral (T1)

 

 

5 - cortex temporal mŽdial ou orbito-frontal

 

 

6 - Cortex temporal mŽdial ou operculaire

 

7 - Cortex pariŽtal infŽrieur ou cortex temporal latŽral

VŽgŽtatives

Digestif (nausŽes, vomissements, sensation abdominale ascendante)

Autres (tachycardie, palpitations, difficultŽs respiratoires, salivation, dŽglutition, sueurs, horripilation, p‰leur, rougeur...)

Cortex temporal mŽdial ou insulaire ou orbito-frontal

Psychiques

1 - dysmnŽsiques (dŽjˆ-vu, -vŽcu, -entendu) : impression dՐtre replongŽ dans le passŽ, de revivre une scne rŽellement vŽcue (ce phŽnomne normal est ici pathologique car rŽpŽtŽ et associŽ ˆ dÕautres sympt™mes).

Impressions de familiaritŽ ou de non-familiaritŽ pouvant aboutir ˆ une diplopie mentale (un conflit entre le peru et le raisonnement logique du sujet).

2 - ƒtat de rve (dreamy state) : productions oniriques (images dÕenfance, ou trs rŽcentes, ou compltement imaginaires) sous forme dÕun dŽfilement de scnes devant les yeux. Le contenu peut en tre oubliŽ.

1 et 2 - Cortex temporal

HŽautoscopie (dŽdoublement de soi)/mŽtamorphopsie

Cortex temporal ou pariŽtal

IdŽe forcŽe

Cortex frontal

Troubles instinctivo-affectifs : peur, angoisse, anxiŽtŽ, terreur

Cortex temporal, cingulaire

Crises gŽlastiques : crises de fou rire

Hypothalamus, cortex temporal, cingulaire

Crises dacryocystiques : crises de pleurs, cingulaire

Hypothalamus, cortex temporal