Les nouveaux visages de lÕinsuffisance cardiaque

Dr VŽronique Dormagen

Cardiologue H™pital Simone Veil Eaubonne

SŽance de formation du 5 fŽvier 2009

1.  GŽnŽralitŽs

1.1.     Un million de malades en France

CÕest la maladie cardiovasculaire la plus frŽquente. Les estimations de la SMAMIF de 2005 donnent les chiffres suivants pour la France

       PrŽvalence : 1 million de patients

       Incidence : 120 000 nouveaux cas par an

       30 000 dŽcs par an

Il faut savoir que lÕensemble des statistiques ŽpidŽmiologiques sous estiment systŽmatiquement lÕampleur du phŽnomne.

LÕincidence et prŽvalence sont en forte augmentation ; lÕincidence doublant tous les 10 ans. Elle augmente avec lՉge, les deux tiers des patients de ville ont plus de 70 ans.

 

Age

Incidence

PrŽvalence

Aprs 50 ans

0,1 ˆ 0,2 %

1 %

Aprs 85 ans

2 ˆ 3 %

10%

 

1.2.     Un pronostic rŽservŽ

CÕest une maladie grave qui tue plus que le SIDA et la plupart des cancers. Le mode de dŽcs des patients est la mort subite dans plus dÕun cas sur deux pour les NYHA II et III.

 

IC cancer
 

 


1.3.         Un cožt social ŽlevŽÉ

Le cožt estimŽ en France de cette pathologie chronique est dÕenviron 1 milliard dÕEuros par an, soit 1 % des dŽpenses de soins. Environ 80 % des cožts sont liŽs aux hospitalisations itŽratives, soit 150 000 hospitalisations par an et une durŽe moyenne de sŽjour de 10,7 jours. Enfin, cÕest 10 % des hospitalisations en mŽdecine.

2.  NouveautŽs dans le diagnostic et le traitement

Plus que des rŽvolutions dans le domaine du diagnostique ou du traitement, les diffŽrentes sociŽtŽs savantes ont donnŽs rŽcemment un nouvel Žclairage aux recommandations existantes, la SociŽtŽ EuropŽenne de Cardiologie (ESC) en 2008, dans un souci de simplification, lÕHAS en 2007 en Ždictant des recommandations pour lÕIC ˆ fonction VG systolique prŽservŽe (ex-IC diastolique) et la SociŽtŽ franaise de Cardiologie (SFC) en 2004 pour les sujets ‰gŽs.

2.1.     IC systolique ou Ē diastolique Č ?

Type IC

SYSTOLIQUE

DIASTOLIQUE

(IC ˆ fonction systolique prŽservŽe)

FEV

< 40 %

> 45 +- 5%

Causes principales

70 % maladie coronaire

10 % cardiomyopathies

10 % valvulopathies

HTA

IschŽmie myocardique

Trs grand ‰ge

Diabte

 

En France, lÕIC ˆ FEVG prŽservŽe reprŽsente la moitiŽ des insuffisants cardiaques. Son pronostic est moins sombre que lÕIC systolique mais cette demeure une maladie grave.

2.2.     LÕInsuffisance cardiaque, une maladie gŽnŽraleÉ

LÕIC est lÕincapacitŽ du cĻur ˆ assurer les besoins mŽtaboliques de l'organisme ˆ lÕeffort, puis au repos et/ou dans lequel le cĻur pourvoit aux besoins mais avec des pressions de remplissage anormalement ŽlevŽes. Cet Žtat dŽclenche des mŽcanismes d'adaptation extrinsques et intrinsques destinŽs ˆ maintenir un dŽbit cardiaque suffisant. Le remodelage ventriculaire entra”ne un dŽsŽquilibre entre

 

Une activation de systmes qui aggravent le remodelage et dŽtŽriorent la fonction VG

Une inhibition de certains systmes

       Du systme nerveux sympathique avec un excs de catŽcholamines

       Du systme rŽnine-angiotensine

       Des endothŽlines

       De la vasopressine

       La production de cytokine, s inflammatoires

       Les peptides natriurŽtiques

       La sŽcrŽtion de bradykinine

       Le NO

       LÕadrŽnomŽduline

 

 

Ces perturbations profondes retentissent sur les organes pŽriphŽriques et tout particulirement sur, les poumons, les reins, les vaisseaux et les muscles.


 

2.3.     Un rafinement Des critres diagnostiquesÉ

2.3.1. Les critres

LÕHAS en 2007, lÕESC en 2005 ont validŽ les critres de lՎtude de Framingham. Le diagnostic reposait, alors  sur la prŽsence de 2 critres majeurs ou dÕun critre majeur et de 2 critres mineurs.

 

Critres majeurs

Critres mineurs

(non attribuables ˆ affection concomitante)

DPN

TJ spontanŽe

RHJ

CrŽpitants

CardiomŽgalie

OAP sur RP

Galop

Perte de poids > 4,5 Kg en 5 jours sous traitement

Īdme bilatŽral des chevilles

Toux nocturne

DyspnŽe dÕeffort

HŽpatomŽgalie

ƒpanchement pleural

Pouls > 120/mn

CV diminuŽe de > de 33%

 

LÕESC, en 2008, a simplifiŽ cette approche, en regroupant les arguments du diagnostique positif sous trois rubriques, prŽsentŽes dans le tableau ci-dessous.

Sympt™mes typiques

DyspnŽe

Fatigue

Signes typique

Īdmes

TJ, hŽpatomŽgalie

CrŽpitants

Tachycardie

ƒpanchement pleural

Galop

Signes objectifs dÕanomalie cardiaque

Souffle cardiaque

ECG, RP

BNP

ƒcho-cĻur

 

2.3.2. Un critre dominant, la dyspnŽeÉ

Les critres de la NYHA

Elle est souvent multifactorielle. Pour mieux la caractŽrisŽe, il faut plus particulirement rechercher un dŽclenchement par lÕeffort ou le dŽcubitus ou  lÕexistence dÕune toux nocturne. Il savoir que son intensitŽ doit tre quantifiŽe gr‰ce ˆ un interrogatoire prŽcis, et, si nŽcessaire des Žchelles de qualitŽ de vie

La classification de la NYHA (New York Heart Association - 1964) propose quatre classes de sŽvŽritŽ qui sont dŽfinies de la manire suivante :

       NYHA I : Pas de gne

       NYHA II : Gne pour efforts inhabituels

       NYHA III : Gne pour gestes de la vie courante

       NYHA IV : Gne permanente au repos

Cette classification classique ˆ ses limites quÕil faut toujours prendre en compte, la subjectivitŽ du patient et du mŽdecin, lÕimprŽcision de la description du sympt™me, le caractre restrictif de la classification et sa mauvaise corrŽlation ˆ la VO2. Son avantage est dՐtre connue de tous, dՐtre simple et dÕavoir une bonne valeur pronostique. Elle demeure la base des essais thŽrapeutiques et des recommandations.

Le test de marche 6 minutes

Il consiste ˆ mesurer la distance parcourue, ˆ la marche, en 6 minutes. Il est utilisŽ de plus en plus. Les critres sont les suivants en termes de sŽvŽritŽ :

       LŽgre : 426 ˆ 550 m

       ModŽrŽe : 150 ˆ 425 m

       SŽvre : moins de 150 m

La classification fonctionnelle de Goldman/Gibelin est une autre approche intŽressante.

2.3.3. Chez le sujets ‰gŽÉ

Le diagnostic est difficile en raison de polypathologies frŽquentes.

Souvent lÕactivitŽ est rŽduite, un  syndrome dŽpressif frŽquent, une dŽmenceÉ peuvent aboutir ˆ ce que la dyspnŽe et lÕasthŽnie soit minimisŽes. Dans ce cas, il faut rechercher une orthopnŽe +++

Troubles neuropsychiatriques +++: confusion, chutes, perte dÕautonomie, troubles du sommeil ou du comportement

LÕexistence de crŽpitants aspŽcifiques lies ˆ une hypoventilation, une fibrose pulmonaire. Il faut souligner que les sibilants sont frŽquent

2.4.     Bilan diagnostique initial

2.4.1. La base

LÕEEG est rarement normal. En pratique, un ECG normal chez un sujet ‰gŽ exclut quasiment le diagnostic dÕIC. La radiographie pulmonaire recherchera une Žventuelle pathologie associŽe.

2.4.2. Le BNP

Les peptides natriurŽtiques de type B

Ce sont des hormones dÕorigine ventriculaire prŽdominante, produites et libŽrŽes en rŽponse ˆ une augmentation du stress pariŽtal ventriculaire. Il contrebalance lÕactivation du systme rŽnine–angiotensine–aldostŽrone. Son ŽlŽvation dans le sang est corrŽlŽe ˆ divers indices fonctionnels dÕinsuffisance cardiaque systoliques.

Le Pro BNP est un prŽcurseur scindŽ enzymatiquement ˆ lÕintŽrieur du cĻur selon le schŽma ci-dessous.


 


 


BNP

NT pro BNP

Hormone active

Catabolisme rapide avec plusieurs catabolites

Demi-vie =  20mn

Instable

HŽtŽrogŽnŽitŽ des techniques de dosage

 

RŽsidu de sŽcrŽtion inactif

Plus sensible (IC minime)

 

Demi-vie : 1 ˆ 2 h

Trs stable (3 jours)

Mme licence pour tous laboratoires (comparaison exacte)

 

 

QuÕest ce qui modifie les taux de BNP et NT pro BNP ?

Les causes cardiaques dÕaugmentation du marqueur sont multiples

       LÕinsuffisance  cardiaque

       Mais aussi, lÕischŽmie coronaire, lÕHVG, une EP importante, un cĻur pulmonaire, une hypertension artŽrielle pulmonaire (HTAP), une ACFA, une valvulopathie, un hyperdŽbit, un Žpanchement pŽricardique

Il faut souligner que lÕinteraction cĻur / rein est  forte

       84 % des insuffisants rŽnaux ont une dysfonction VG

       60 % ont une insuffisance cardiaque

       50 % des insuffisants rŽnaux meurent du cĻur

LÕinteraction est ˆ lÕorigine dÕaugmentation des facteurs natriurŽtiques.

Les autres facteurs ˆ prendre en compte sont

       Le taux de BNP est inversement corrŽlŽ avec lÕIMC. Il est ˆ prendre en compte pour les IMC > 35.

       Les taux augmentent avec lՉge, les raisons possibles sont soit une Žventuelle dysfonction diastolique, soit une altŽration de la fonction rŽnale soit une altŽration de la production, de la sŽcrŽtion ou du mŽtabolisme des peptides

       Les taux sont plus ŽlevŽs chez la femme, quelque soit lՉge dont la cause reste mystŽrieuse (Ļstrognes ?)

       Le risque de faux nŽgatif, en cas dÕOAP Ē flash Č  o lÕon peut observer des taux bas chez patients prŽsentant  des signes dÕIC de moins dÕune heure. Le mŽcanisme de cet effet paradoxal rŽside dans le fait que les Ē stocks Č dans les granules sŽcrŽtoires faibles et quÕen consŽquence le taux de peptides dŽpend de la synthse et de la sŽcrŽtion de novo et que dans cette condition, le Žlai est insuffisant pour la production du peptide.

InterprŽtation

Les facteurs dÕaugmentation du peptide sont les suivants :

       LÕinsuffisance cardiaque

       Les autres co-morbiditŽs

       LՉge

       Le sexe fŽminin

       LÕinsuffisance rŽnale

Les principaux facteurs de diminution sont

       LÕIMC trs ŽlevŽ

       LÕOAP flash

       Le traitement de lÕinsuffisance cardiaque


Les valeurs diagnostiques sont prŽsentŽes dans le tableau ci-dessous.

 

Exclusion

Diagnostic trs probable

BNP < 100 pg/ml

NT pro BNP < 300 pg/ml

 

BNP > 400 pg/ml

NT proBNP

Moins de 50 ans > 450 pg/ml

Entre 50 et 75 ans > 900 pg/ml

Plus de 75 ans > 1800 pg/ml

 

Entre les 2 extrmes prŽsentŽs dans ce tableau, il existe une zone Ē grise Č qui invite ˆ pratiquer dÕautres examens, en particulier une Žchographie

2.4.3. LՎchocardiographie

CÕest lÕexamen indispensable pour le diagnostic positif. Il permet un diagnostic Žtiologique et de gravitŽ. De plus, la mesure de la FEVG va permettre de prŽciser le type dÕIC

       Si EF < 40 %  IC systolique

       Si EF > 40 %  rechercher une  HVG, un trouble de cinŽtique segmentaire, un troubles du remplissage sur flux transmitral.

Dans tous les cas, on recherchera une cause curable, comme une valvulopathie +++, ou une revascularisation en cas dÕischŽmie myocardique.

2.4.4. Diagnostic dÕIC ˆ fonction systolique prŽservŽe (HAS 2007)

Il repose sur la prŽsence de sympt™mes dÕIC et de signes objectifs (ECG, RP, Žcho cĻur, BNP) associŽs ˆ une FEVG > 40%. Il sera, en outre confirmŽ par une rŽponse sous traitement, en cas de doute.

3.  Avant de dŽbuter Le traitement de lÕinsuffisance cardiaque

3.1.     Les prŽrequis

Avant de traiter il est trs important de rechercher les co-morbiditŽs, trs frŽquentes chez les sujets ‰gŽs. Selon une Žtude rŽcente une IC est associŽe, dans cette population avec les co-morbiditŽs suivantes :

       Alzheimer et autres dŽmences : 36 %

       Diabte : 23 %

       AnŽmie : 20 %

       BPCO : 17 %

       Moins de 10 % : dŽpression, nŽoplasie, Parkinson, dialyse

Ces co-morbiditŽs influencent significativement le pronostic comme lÕinsuffisance rŽnale, lÕanŽmie (< 12 g), les Žtats dŽmentiques, la BPCO. Elles  interagissent avec le traitement.

Interactions avec traitement

3.2.     Identifier les comorbiditŽs

Un bilan biologique initial de base est indispensable :

       NFS plaquettes, ionogramme sanguin, natrŽmie, fonction rŽnale

       Un bilan ferrique (ferritine capacitŽ de fixation)

       La TSH

En cas de doute :

       La recherche dÕune atteinte polyvasculaire chez le coronarien.

       Objectiver insuffisance respiratoire si suspicion clinique (EFR, avis pneumologique dans lÕoptique dÕun possible traitement bta bloquant)

Chez le sujet ‰gŽ :

       Des sympt™mes de fragilitŽ

       LՎtat des fonctions cognitives

       Le bilan des polypathologies

       LՎtat nutritionnel, la marche, lՎquilibre, lÕexistence dÕun Žtat dŽpressif, le bilan des capacitŽs sensorielles, lÕisolement, lÕautonomie pour la gestion mŽdicamentsÉ

Enfin, il faut systŽmatiquement rechercher un facteur dŽclenchant comme, une ischŽmie myocardique, une ACFA, une bradycardie , une HTA mal ŽquilibrŽe ou un Žpisode infectieux, surtout chez le sujet ‰gŽ.

4.  La toile de fond du traitement de lÕic systolique

4.1.     Comment obtenir une bonne observance du traitement ?

4.1.1. Le cadreÉ

Elles sont fondamentales. Elles comportent, comme pour toute maladie chronique

       LՎducation thŽrapeutique pour le responsabiliser dans la prise en charge de sa maladie ; lÕobjectif final Žtant dÕobtenir une amŽlioration de lÕOBSERVANCE

       Le recours aux rŽseaux de soins et aux infirmires dՎducation

4.1.2. lÕObservance

CÕest capital pour la rŽussite du traitement. Au dŽbut, il faut identifier des facteurs influenant lÕobservance, comme les croyances, un Žtat dŽpressif, un alcoolisme, des problmes sociaux et professionnels ou du coupleÉ

4.1.3. LՎducation thŽrapeutique

LÕobjectif de lՎducation est de rendre le patient compŽtent pour lÕamener au mieux ˆ concilier projets de vie et exigences du traitement. La meilleure adhŽsion du patient au traitement dŽpend dÕune meilleure comprŽhension de sa maladie et des bŽnŽfices du traitement. Elle fait appel ˆ :

       Ē Vivre avec mon insuffisance cardiaque Č

o   La comprŽhension de la maladie,

o   La connaissance des sympt™mes et des facteurs dÕaggravation,

o   Le contr™le des facteurs de risque (poids, tabac, alcool, diabte)

o   La surveillance rŽgulire du poids

       Ē Conna”tre et organiser la prise de mes mŽdicaments Č  La connaissance des traitements,

       LÕimportance du rŽgime sans sel  Vivre au mieux avec une alimentation pauvre en sel,

       Ē AmŽnager une activitŽ physique adaptŽe ˆ mon Žtat de santŽ Č

4.2.     Le RŽgime

CÕest un rŽgime peu salŽ et pas strict sauf en cas de dŽcompensation aigu‘. LÕobjectif est un maximum de 6 g Na Cl / jour. Chez le sujet ‰gŽ, il faut veiller ˆ ce que ce rŽgime nÕaboutisse pas ˆ une dŽnutrition.

Sauf hyperinflation avec hyponatrŽmie, il nÕy a pas de restriction hydrique, toutefois le maximum est de lÕordre de 2 litres / jour.

Par ailleurs, il faut contr™ler, lÕIMC, les facteurs de risque, la prise dÕalcool.

4.3.     Prise en charge

4.3.1. en UnitŽ de Traitement de lÕInsuffisance Cardiaque (UTIC)

LÕobjectif est dÕassurer ˆ des patients prŽsentant une insuffisance cardiaque systolique avec FEVG < 40% un suivi rŽgulier. Cette prise en charge comporte :

       Un entretien individuel avec IDE puis diŽtŽticienne,

       Une hospitalisation de jour pour bilan,

       ƒducation thŽrapeutique,

       Des repas pris en petits groupes,

       Une prise en charge par un  kinŽsithŽrapeute,

       Une synthse mŽdicale.

Des contacts rŽguliers, par tŽlŽphone, avec lÕinfirmire dՎducation sont rŽalisŽs. LՎvaluation des acquis ˆ 6 mois et une Žvaluation clinique et paraclinique ˆ 1 an sont systŽmatiquement rŽalisŽs.

A Eaubonne, lՎquipe dÕUTIC comprend un cardiologue, deux IDE  deux diŽtŽticiennes et un kinŽsithŽrapeute. Cette Žquipe ˆ pris en charge 360 patients depuis 2002

4.3.2. optimisation du traitement de lÕiC dans le 95 (OPTIC 95)

LÕobjectif dÕOPTIC-95 est de contribuer ˆ lÕharmonisation de la prise en charge des insuffisants cardiaques dans les centres hospitaliers du 95 par une approche multidisciplinaire mŽdicale et paramŽdicale avec un accent mis sur lՎducation thŽrapeutique des patients. Les moyens sont :

       Un logiciel de suivi commun aux Žtablissements du Val dÕOise

       Un groupe de travail pluridisciplinaire dŽpartemental trimestriel (Žvaluation des pratiques professionnelles)

4.4.     Arrter les traitements dŽlŽtres

CÕest essentiel car il sÕagit, le plus souvent de malades polymŽdicamentŽs. Plus spŽcifiquement, il va falloir arrter:

       Les AINS,

       Les antiarythmiques, sauf la CordaroneŖ et les btabloquants,

       Les glitazones (ActosŖ, AvandiaŖ),

       Les antidŽpresseurs tricycliques, voire le  lithium,

       Les cortico•des, si possible

       En cas dÕIC systolique, il faut aussi arrter les inhibiteurs calciques (diltiazem et vŽrapamil) autres que dihydropyridines de ½ vie longue

5.  Le traitement proprement dit de lÕIC systolique

5.1.     Les objectifs du traitement

 

Sujet jeun

Sujet ‰gŽ

1.    RŽduire la mortalitŽ

2.     RŽduire les sympt™mes et amŽliorer la qualitŽ de vie

3.     ƒviter les rŽhospitalisations

 

1.    RŽduire les sympt™mes et amŽliorer la qualitŽ de vie

2.     ƒviter les rŽhospitalisations

3.     RŽduire la mortalitŽ

 

5.2.     LÕIC systolique asymptomatique

Il sÕagit dÕun patient avec un FEVG < 40% sans aucun sympt™me. Chez ce patient, les IEC sont systŽmatiques et doivent tre utilisŽs ˆ la dose Ē cible Č, rappelŽe dans le tableau ci-dessous. Ils ne seront remplacŽs par les ARA2 quÕen cas dÕintolŽrance aux IEC (toux).

 

MolŽcule (DCI)

Dose de dŽpart

Dose cible

Captopril

Enalapril

Lisinopril

Ramipril

Trandolapril

PŽrindopril

6,25 mg x 2

2,5 mg x 2

2,5 ˆ 5 mg x 1

1,25 ˆ 2,5 mg x 1

0,5 mg x 1

2mg x 1

50 ˆ 100 mg x 2

10 ˆ 20mg x 2

20 ˆ 35 mg x 1

5 mg x 2

4 mg x 1

4 ˆ 8 mg x 1

 

5.3.     LÕIC systolique symptomatique

LÕalgorithme dŽcisionnel est proposŽ dans le schŽma ci-dessous.

       avec des doses plus ŽlevŽes (mais > effets indŽsirables)


 


5.4.     Optimisation du traitement : ˆ quoi ˆ sert?

Mahler, en 2005 a revu le rapport entre le suivi des recommandations de prescription dÕun IEC + bta bloquant + Aldactone et les hospitalisations

Motif hospitalisation

Suivi important

Suivi modŽrŽ

Suivi  faible

IC (%)

6,7

9,7

14,7

Aggravation sympt™mes (%)

11,2

15,9

20,6

 

Le suivi des recommandations 2001 est, en Europe, de 74 % dont 85 % pour IEC mais seulement de 58 % pour les btabloquants et de 36 % pour lÕAldactoneŖ.

5.5.     Un Facteur limitant pour IEC et ARA2, lÕinsuffisance rŽnaleÉ

CÕest une situation loin dՐtre exceptionnelle, en particulier chez les sujets ‰gŽs. Il faut, comme cela ˆ dŽjˆ ŽtŽ mentionnŽ, toujours arrter les mŽdicaments nŽphrotoxiques comme les AINS ou lÕAldactoneŖ.

5.5.1. De petites doses augmentŽes trs progressivementÉ

Rappelons les contre indications des IEC/ARA2 :

       Une crŽatinine > 220 µmol/l

       Un potassium > 5 mmol/l

       Une stŽnose bilatŽrale des artres rŽnales

       Des antŽcŽdents dÕangio Ļdme

       Un RAC serrŽ

Ensuite, il faut Žviter lÕintroduction dÕun IEC ou dÕun ARA2 chez un patient dŽshydratŽ par des fortes doses rŽcentes de diurŽtiques. Il faut alors commencer par petites doses, au coucher, puis augmenter par paliers de 2 semaines.

5.5.2. La surveillance biologique:

Elle est standard et doit tre instaurŽe avant lÕinstauration du traitement et une semaine aprs. Par la suite, elle sÕimpose avant et aprs chaque augmentation ou modification de traitement. En traitement dÕentretien, les contr™les seront espacŽs, tous les mois pendant les 3 premiers mois, puis tous les 3 mois pendant la 1re annŽe, et ensuite tous les 6 mois ou lors de la survenue dÕun ŽvŽnement intercurrent

Les critres biologiques dÕarrt des IEC et ARA 2 sont les suivants :

       Une crŽatininŽmie >265 µmol/l ou une augmentation de plus de 30 % sous traitement (50 % pour lÕESC 2008)

       Une kaliŽmie > 5,5 mmol/L (6 mmol/l pour ESC 2008)

5.6.     Les autres sujets ˆ risque

Il sÕagit essentiellement des sujets ‰gŽs, polymŽdicamentŽs, des patients prŽsentant une IC sŽvre +++ et ceux ayant des antŽcŽdents dÕinsuffisance rŽnale

Dans ce contexte, lÕinsuffisant cardiaque doit conna”tre les situations ˆ risque comme la dŽshydratation, les consŽquences des troubles digestifs (diarrhŽe, vomissements), une forte fivre, la chaleur, caniculeÉ Dans ce contexte, il faut savoir arrter ou diminuer les doses du traitement de base,  et faire un contr™le biologique

5.7.     La Place des ARA2

Ce nÕest pas un traitement de premire ligne.

Il est rŽservŽ aux insuffisances cardiaques NYHA  II ou III A avec une FEVG < 40 % en cas dÕintolŽrance aux IEC (toux) ou en association avec un IEC chez les patients restant symptomatiques sous IEC

 

MolŽcule (DCI)

Dose de dŽpart

Dose cible

Candersartan

Valsartan

4 ou 8 mg x 1

40 mg x 2

32 mg x 2

160 mg x2

 

5.8.     Les diurŽtiques

Les diurŽtiques de lÕanse sont ˆ utiliser en cas de besoin, selon lÕimportance des sympt™mes. Il faut rechercher la plus faible dose utile.

Rappelons, que les thiazidiques sont contrindiquŽs si la clearance ˆ la crŽatinine est infŽrieure ˆ 30 ml/min.

La spironolactone est, elle, indiquŽe pour les IC sŽvres, de classe NYHA III ou IV, sous rŽserve du respect dÕun certain nombre de rgles :

       DÕun potassium infŽrieur ˆ 5 mmol/l et dÕune crŽatinine infŽrieure ˆ 250 µmol/l,

       De dŽbuter par une dose faible, comme 12,5 mg,

       De vŽrifier le K+ et la crŽatinine tous les 5-7 jours et si K+ > 5/5.5 mmol/l, de diminuer la dose de 50 %, puis tous 5-7 jours pendant la titration ou jusquՈ stabilisation des valeurs du potassium puis tous 3 ˆ 6 mois (ou plus souvent 1/mois)

LÕassociation IEC + ARA2 + AldactoneŖ est contrindiquŽeÉ


 

5.9.     IntŽrt des bŽta bloqueurs

5.9.1. Un intŽrt dŽmontrŽ mme chez le sujet ‰gŽÉ

Il a ŽtŽ amplement dŽmontrŽ par les Žtudes, en termes de diminution de la mortalitŽ (rŽduction du risque relatif de 30 ˆ 35 % ˆ un an) et de rŽduction du nombre dÕhospitalisations en rapport avec une poussŽe dÕIC.

LՎtude Seniors portant sur 2128 patients de plus de 70 ans (‰ge moyen 76 ans) dont 36 % avec FEVG > 35% a montrŽ que lÕutilisation dÕun btabloqueur, le nevibolol ˆ la dose moyenne de 7,7 m par rapport ˆ un placebo, diminuait de 14 % lÕensemble Ē dŽcs + rŽhospitalisations Č.

LÕintroduction et lÕaugmentation de doses, en pŽriode stable, doit se faire en respectant les doses de dŽpart, en instituant une surveillance rapprochŽe dans les 15 jours suivante et en en alertant le patient sur la possibilitŽ dÕeffet secondaires.

5.9.2. Partez bas, augmentez lentementÉ

Les paliers de titration doivent tre longs (15 jours)

 

MolŽcule (DCI)

Dose de dŽpart

Dose cible

Bisoprolol

MŽtoprolol succinate

Carvedilol

Nebivolol

2,5, 3,75, 5, 7,5, 10

25, 50, 100, 200

6,25, 12,5, 25, 50

2,5, 5, 10

10 mg/j

200 mg/j

50 mg/j

10 mg/j

 

5.9.3. lÕhypotensionÉ

LÕÕhypotension asymptomatique ne requiert aucune intervention. En cas dÕhypotension symptomatique qui souvent sÕamŽliore avec le temps, les mesures suivantes doivent tre envisagŽes :

       Arrter les  hypotenseurs non indispensables : nitrŽs, inhibiteurs calciques,

       Diminuer les diurŽtiques

       Prescrire les vasodilatateurs le soir

5.9.4. la dŽcompensation cardiaqueÉ

Le quart, environ, des patients vont aggraver leurs sympt™mes initialement ce qui implique de revoir le patient rapidement et de le prŽvenir, et ne pas attendre dÕamŽlioration des sympt™mes avant 3 moisÉ

En cas de majoration de la dyspnŽe, il faut essayer de ne pas arrter les btabloqueurs et de maintenir la dose tout en augmentant les diurŽtiques et/ou les vasodilatateurs. Si la dose a du tre diminuŽe ou arrtŽe, il faut envisager sa rŽintroduction ˆ distance.

5.9.5. La BradycardieÉ

Dans ce cas, il faut arrter traitements bradycardisants non indispensables, comme la digoxine, les collyres contenant un btabloqueur pour un glaucome, les inhibiteurs calciques ou lÕamiodarone. Dans ce cas, il faut envisager la pose dÕun pace maker

5.10.   Optimisation du traitement avec la biologie

5.10.1      Les faitsÉ

STARS ˆ comparŽ un suivi par clinique simple versus un suivi clinique + dosage de BNP avec objectif <100 ng/ml chez des IC. Le critre primaire de lՎtude Žtait le taux dÕhospitalisation pour IC ou de dŽcs liŽ ˆ lÕIC. Ce critre principal ˆ ŽtŽ rencontrŽ chez 24 % des patients dans le groupe BNP contre 52 % dans groupe avec un suivi clinique simple (p < 0,001)

LՎtude TIME CHF, publiŽe par le JAMA 2009 (499 pts avec FEVG < 45% et IMC < 35 ; ‰ge moyen 77 ans; 289 pts de plus de 75 ans (en moyenne 82 ans) ; intensification du traitement pendant 6 mois soit en fonction du NT pro BNP (si > 2 fois la limite supŽrieure), soit en fonction des sympt™mes ; suivi 18 mois.

Dans le groupe guidŽ par NT pro BNP, il nÕy a pas dÕeffet sur la survie sans hospitalisation de toutes causes mais on observe une amŽlioration de la survie sans hospitalisation pour insuffisance cardiaque dans le groupe de moins de 75 ans et, en revanche, une altŽration de la qualitŽ de vie chez les patients de plus de 75 ans

5.10.2      En pratiqueÉ

La surveillance du BNP ˆ un intŽrt pronostique pour tous les malades. Il a, en plus, un intŽrt pour lÕoptimisation du traitement si ‰ge est infŽrieur ˆ 75 ans. LÕobjectif est dÕatteindre un taux infŽrieur de BNP ˆ 100 ; pour le NT pro BNP la valeur nÕest pas consensuelle.

5.11.   Optimisation avec lՎchocardiographie

LՎchocardiographie aide ˆ lÕestimation du dŽbit et des pressions de remplissage, permet dÕorienter vers plus de diurŽtiques, ou plus de vasodilatateurs et de retarder lÕintroduction des btabloquants si lÕon observe une ŽlŽvation trop importante des pressions de remplissage

5.12.   Optimisation selon la clinique

Elle se fait, en gŽnŽral, facilement en fonction des sympt™mes, sous rŽserves de respecter les recommandations et de toujours tenter dÕatteindre les doses cibles de traitement vasodilatateur et bta bloquant

6         IC FEVGP : FEVG > 40% (HAS 2007)

6.1. LE contexte

Cette forme dÕIC concerne la moitiŽ des patients. Pour cette population il est important de privilŽgier le traitement Žtiologique, en particulier en traitant les HTA non contr™lŽes et en traitant lÕischŽmie myocardique, le cas ŽchŽant par une revascularisation.

6.2. Son traitement

Le traitement des poussŽes dÕIC fait appel aux diurŽtiques, tout en ne nŽgligeant pas le traitement des facteurs dŽclenchants, comme une infection un passage en ACFA.

LÕintŽrt du traitement de fond par IEC et ARA2 nÕest pas clairement dŽmontrŽ par les essais de cohorte comme CHARM avec le candesartan, le PEP CHF avec le pŽrindopril et I-Preserve avec lÕirbesartan. Les arguments en faveur dÕun traitement bta bloquant seraient plus ŽtoffŽs, en particulier par lՎtude SENIORS dans laquelle un tiers des patients avaient une FEG > 35 %. Le schŽma dÕalgorithme de traitement, ci-dessous est le plus souvent proposŽ

 

 


 


7         DŽfibrillateurs

7.1. Ce que disent les ŽtudesÉ

LՎtude DEFINITE en prŽvention primaire chez des patients avec une FEVG < 35 % montre un bŽnŽfice en termes de diminution de la mortalitŽ totale.

LՎtude MADIT2 montre un bŽnŽfice en termes de diminution du taux de morts subites. En pratique, si lÕon prend 18 malades implantŽs, une vie est sauvŽe maison observe 5 chocs inappropriŽs et 2 complications liŽes ˆ lÕimplantation du DAI.

7.2. La resynchronisation

Elle fait appel ˆ un stimulateur avec 3 sondes placŽes dans lÕOD, le VD et la veine latŽrale, pour stimuler le VG.

La resynchronisation cardiaque par la stimulation cardiaque biventriculaire simultanŽe ou sŽquentielle a ŽtŽ validŽe par les rŽsultats de plusieurs essais cliniques (MUSTIC, PATH-CHF, MIRACLE, MIRACLE ICD, COMPANION, CARE-HF). Le bŽnŽfice de resynchronisation ventriculaire se traduit lui aussi en termes dÕallongement significatif de la survie

Les recommandations europŽennes et nord amŽricaines pour le traitement de lÕinsuffisance cardiaque chronique considrent la resynchronisation cardiaque chez les patients en insuffisance cardiaque chronique qui prŽsentent des caractŽristiques cliniques correspondant aux critres dÕinclusion de ces diffŽrents essais. Quatre critres caractŽrisent les candidats potentiels ˆ la resynchronisation cardiaque :

       La sŽvŽritŽ de lÕinsuffisance cardiaque utilisant la classe NYHA

       LÕimportance de la dysfonction ventriculaire gauche systolique ˆ travers la mesure de la FEVG,

       Le niveau de remodelage du ventricule gauche, en particulier le diamtre tŽlŽdiastolique du VG,

       LՎtat de la dŽsynchronisation cardiaque, basŽ sur la durŽe du QRS sur lÕECG.


 

7.3. EN Synthse

 

PM multisite

DŽfibrillateur

En prŽvention primaire

×       FEVG < 35%

×       QRS larges > 120ms

×       Persistance de sympt™mes malgrŽ un traitement optimal

×       FEVG < 35% (plus de 40 jours aprs IDM)

×       Stade NYHA II ou III

×       Traitement optimal

×       EspŽrance de vie > 1 an dans de bonnes conditions fonctionnelles

 

8         Conclusions

Suivre un patient  insuffisant cardiaque,  cÕest :

       Passer son temps a adaptŽ son traitement

       Instaurer une liaison Žtroite entre MG et cardiologue

       ƒduquer le patient et sa famille

       Voir son patient souvent

       SÕappuyer sur une structure dՎducation et de suivi :

Optimiser cÕest une posture

       Viser la dose maximale tolŽrŽe

       Toujours rŽessayer aprs une introduction Ē ratŽe Č de bta bloquant  une petite dose vaut mieux que rien du tout !

       Profiter de toute amŽlioration tensionnelle ou de frŽquence cardiaque pour tenter de majorer les traitements.

       Espacer les paliers, donner des doses filŽes mais É MONTER

       Et ne jamais baisser les brasÉ